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Émailler le verre à la Renaissance

Émailler le verre à la Renaissance. Sur les traces des artistes verriers entre Venise et France

Écouen, Musée national de la Renaissance, du 13 octobre 2021 au 14 février 2022

Avec une constance qui finit par forcer l’admiration, le château d’Écouen poursuit une politique d’expositions évitant avec soin tout sujet potentiellement blockbuster, faisant délibérément le choix de l’érudition. Le Musée national de la Renaissance n’hésite ainsi pas à mettre en avant des noms parfois inconnus des amateurs - sans parler du plus grand public - comme le prolifique graveur Étienne Delaune il y a deux ans (voir l’article). Ce choix salutaire peut cependant avoir ses limites car il faut bien sûr veiller à ce que l’érudition s’accompagne de pédagogie : c’était le cas l’an dernier avec la formidable exposition de sculpture religieuse (voir l’article), ça ne l’est plus avec l’étude du verre émaillé produit dans l’Europe de la Renaissance. Si les verres vénitiens et les verres dits à la façon de Venise firent fureur chez les collectionneurs du XIXe siècle, ils font aujourd’hui l’objet de sévères suspicions, concrétisées il y a une vingtaine d’années lorsque plusieurs pièces spectaculaires firent leur apparition sur le marché de l’art. Celles-ci possédaient pourtant un pedigree séduisant : elles étaient incluses dans une vente organisée chez Christie’s à Londres en vue de disperser la collection de la baronne Batsheva de Rothschild (1914-1999) mais furent rapidement rétrogradées au rang de copies postérieures, le plus souvent réalisées au milieu ou à la fin du XIXe siècle.


1. Vue de l’exposition Émailler le verre à la Renaissance : sur les traces des artistes verriers entre Venise et France au château d’Écouen
Photo : Amand Berteigne
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2. Vue de l’exposition Émailler le verre à la Renaissance : sur les traces des artistes verriers entre Venise et France au château d’Écouen
Photo : Amand Berteigne
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C’est dans le but louable d’y voir clair que naquit peu après le projet Cristallo, piloté par le Musée du Louvre, le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) et le Musée national de la Renaissance. Plus de dix ans de recherches transdiciplinaires ont permis de redéfinir un corpus et de mener de solides campagnes d’analyses techniques que cette exposition tente de concrétiser et de faire partager avec les amateurs et un plus large public. L’objectif n’est qu’à moitié atteint : si les spécialistes seront assurément ravis, les curieux risquent hélas d’en repartir bredouilles. Sans connaissances préalables sur le verre émaillé et doré à la Renaissance, le parcours (ill. 1 et 2) nous semble en effet largement hermétique, malgré quelques louables efforts de contextualisation. «Qui dit verre et Renaissance pense Venise et Murano», écrit très justement Corinne Maitte dans le catalogue : il s’agit justement de démontrer que les artisans verriers ont très tôt réussi à fuir la lagune pour mieux exporter leur savoir-faire et diffuser leur production, même si la République de Venise essayait de l’interdire.

3. Gourde de…

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