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Zurbarán. Réinventer un chef-d’œuvre
Lyon, Musée des Beaux-Arts, du 5 décembre 2024 au 2 mars 2025.
L’exposition Zurbarán du Musée des Beaux-Arts de Lyon et celle qui se tient au même moment sur Guido Reni à Orléans (voir l’article) relèvent d’un genre médian entre l’exposition-dossier et la rétrospective. Avec la première, elles partagent le sujet pointu, qui s’articule autour d’une œuvre ou d’un groupe d’œuvre. Si leur taille peut être considérée comme intermédiaire - bien qu’on puisse y voir un nombre conséquent d’œuvres - elles se rapprochent de la seconde car au-delà du thème, elles permettent de comprendre mieux la manière dont un artiste travaillait et d’appréhender plus facilement son parcours. De telles expositions tout en méritant le détour - et même le voyage - ont un coût moindre qu’une rétrospective et un intérêt beaucoup plus large qu’une exposition-dossier.
Encore faut-il qu’elles soit réussies et ne s’égarent pas dans le hors-sujet. C’était le pari gagné pour Orléans, et l’exposition lyonnaise est tout aussi remarquable. Si la première s’attache - au-delà du David et Goliath réattribué, à examiner les pratiques de l’atelier de Guido Reni, la seconde se penche davantage sur une thématique : la représentation de Saint François dans l’art espagnol du XVIIe siècle. Toutes deux néanmoins, organisées autour d’un tableau de la collection, examinent également la postérité que celui-ci a pu connaître aux siècles suivants.
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- 1. Francisco de Zurbarán (1598-1664)
Saint François d’Assise, 1636
Huile sur toile - 209 x 110 cm
Lyon, Musée des Beaux-Arts
Photo : MBA de Lyon - Voir l´image dans sa page
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- 2. Eugenio Cajés (1574-1634)
Le Pape Nicolas V contemplant le corps de saint François d’Assise, vers 1613
Mine de plomb, plume, encre noire, lavis sépia, rehauts de craie - 30 x 17,2 cm
Vienne, Albertina
Photo : Albertina - Voir l´image dans sa page
Le Saint François de Lyon (ill. 1) relève d’une iconographie particulière, soigneusement étudiée par l’exposition, et largement développée dans l’excellent catalogue qui l’accompagne. La légende raconte en effet qu’en 1459, dans la basilique basse d’Assise, le pape Nicolas V et sa suite auraient découvert le lieu d’inhumation du saint, et que celui-ci aurait été retrouvé debout dans son tombeau, parfaitement conservé avec l’apparence de la vie et les traces de sa stigmatisation, vêtu de sa robe de bure.
La première représentation de cette scène serait due, en Espagne, au peintre Eugenio Cajès (ill. 2) dans un tableau perdu dont un dessin préparatoire est ici exposé. Si le saint est, déjà, montré debout dans une attitude proche de l’œuvre de Zurbarán, cette dernière ne se focalise que sur cette figure, enlevant tous les protagonistes. Le spectateur est censé ainsi se retrouver à la place de ces derniers devant l’apparition miraculeuse du saint, hiératique et le regard levé vers le ciel.