Vandalisme au Havre : la gare maritime en cours de destruction

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1. Le grand hall de la gare maritime
transatlantique du Havre
Carte postale ancienne
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1/6/20 - Patrimoine - Le Havre, Gare maritime transatlantique - Il y a des gens dont on apprend qu’ils ont vécu le jour de leur décès. Il en va parfois de même pour des monuments : on découvre qu’ils existent au moment de leur destruction. C’est hélas le cas, pour ce qui nous concerne, de la gare maritime transatlantique du Havre actuellement en cours de démolition. Comme les photos que l’on trouve sur Internet le démontrent, il s’agissait pourtant d’un chef-d’œuvre de l’Art déco tardif, datant de la reconstruction du Havre dont il faut rappeler qu’elle est classée au patrimoine mondial de l’humanité. Pour avoir une bonne idée de la beauté des lieux, nous conseillons de regarder le blog « Le Havre, etc. » ici, et . On peut y voir le grand hall d’accueil, dont on trouve également des cartes postales anciennes (ill. 1 et 2) mais aussi le grand salon avec des sculptures et de magnifiques ferronneries, et le petit salon.

2. Le grand hall de la gare maritime
transatlantique du Havre
Carte postale ancienne
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Cette gare n’est pourtant pas inconnue de la ville puisqu’elle lui consacre même une page de son site internet. On y apprend qu’une première gare Art déco fut construire en 1935 par l’architecte Urbain Cassan. Celle-ci, en grande partie détruite par les bombardements de 1944, fut reconstruite après la guerre par le même architecte, de manière « volontairement sobre en façade pour ne pas heurter les Havrais mal logés », mais fort riche à l’intérieur. L’aménagement intérieur, qui existait encore jusqu’à ces derniers jours, était dû à l’architecte parisien Pierre Barrère, avec « un décor signé des sculpteurs Saupique, Bourdet et Chauvenet. L’ensemble est agrémenté d’éléments sculptés, de boiseries et de ferronneries. »

Cet ensemble méritait sans aucune discussion un classement aux monuments historiques. Si nous ne connaissions pas les menaces qui pesaient sur ce lieu, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Normandie ne pouvait les ignorer, car elles ne datent pas d’hier [1]. On lit dans un article publié le 28 avril 2014 sur le site actu.fr que « Si Areva confirme son implantation au Havre, la gare maritime sera détruite. » C’est exactement ce qui vient d’arriver, sans que le ministère de la Culture ne fasse rien pour sauver ce lieu [2] : c’est la société Siemens Gamesa, associée avec Areva, qui détruit l’ensemble des bâtiments pour y construire une usine d’éoliennes off-shore…

Si le ministère de la Culture n’a rien fait, comme à son habitude, la Mairie du Havre, où un certain Édouard Philippe est maire (actuellement remplacé par Jean-Baptiste Gastinne, qui fait l’intérim) et candidat à sa propre succession, est évidemment tout autant responsable puisque c’est elle qui accorde les permis de démolir et de construire.
Nous avons appris les menaces pesant sur ce monument hier dimanche 31 mai. Et ce matin, les destructions étaient déjà en cours… Nous n’avons donc rien pu faire, et nous ne savons pas ce que vont devenir les sculptures et les éléments de ferronnerie. Ce qui est certain, c’est que ce lieu magique n’existe plus, et qu’une fois de plus, le vandalisme s’acharne sur l’Art déco.

Le Havre n’a donc pas souffert assez pendant la Seconde guerre mondiale après avoir été presque entièrement rasée de la carte. La gare maritime a été détruite une première fois en temps de guerre. Elle l’est une seconde fois en temps de paix, alors que le maire de la ville est Premier ministre de la France. Un beau symbole.

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