Une pétition pour sauver le jardin de l’Archevêché

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24/4/23 - Patrimoine - Paris, square de l’Archevêché - La disparition de Paris que nous dénoncions dans notre livre paru l’année dernière, bien loin de se ralentir, s’accélère, comme si l’opposition toujours plus forte de ses habitants rendait la municipalité encore plus dangereuse, dans une dérive que l’on constate souvent dans les fins de règne. Cette mairie, qui ne parle que de concertation et de démocratie, s’enferme toujours davantage dans un jusqu’au-boutisme qui renie tous les principes qu’elle ose promouvoir. C’est ainsi - nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises ici - que le square Jean XXIII, pour lequel nous préférons le nom historique et nettement plus beau de jardin de l’Archevêché, est toujours sous la menace d’une destruction.


1. Jardin de l’Archevêché (15 mars 2011)
Photo : Viault (CC BY-SA 3.0)
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La mairie avait donc lancé une « concertation » dont le résultat était sans aucune ambiguïté comme nous l’avions écrit dans cette brève du 10/11/21 : les souhaits que le square soit restauré à l’identique et que rien ne change ont fait l’objet de 1204 votes sur un total de 1486. Soit un total de 81 % favorable au statu-quo, pour un jardin historique créé en 1844, et protégé par sa présence aux abords de Notre-Dame et dans un périmètre classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Que croyez-vous qu’il advint ? Se moquant comme d’une guigne de l’opinion du public qu’elle avait pourtant sollicitée, totalement indifférente au caractère historique de ce jardin et à ses qualités patrimoniales, la mairie a lancé un concours sans en tenir compte, et a retenu un projet qui aboutira à la destruction du jardin de l’Archevêché tel qu’on le connaît aujourd’hui, pour le fondre avec le square de l’Île-de-France, qui abrite le Mémorial des martyrs de la Déportation en un grand espace ouvert jour et nuit et en faisant disparaître les grilles historiques.


2. Jardin de l’Archevêché vu depuis la cathédrale Notre-Dame (26 août 2013)
Photo : Jason Riedy (CC BY 2.0)
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La mairie s’est même fendue d’un document de 158 pages (!) pour rendre compte du résultat de cette concertation. Un exemple de désinformation. On apprend ainsi que « L’ouverture ou la fermeture du parc par des grilles ont fait débat parmi les riverains et les Parisiens qui ne veulent pas de nuisances le soir, mais apprécient l’ouverture du parc ». Peut-on vraiment parler de « faire débat » quand l’immense majorité souhaite un statu quo ? De même, on peut y lire : « Au niveau des squares, des avis divergents ont été émis. Certains proposent de ne rien changer, surtout au niveau du square Jean XXIII. Ils souhaitent que le patrimoine végétal actuel soit conservé et entretenu, tandis que d’autres ont proposé de renforcer la densité végétale des deux squares. Ils proposent de renforcer la végétation au sein d’un square unique aux usages multiples à l’arrière de la cathédrale. » Faire croire, là encore, que les avis seraient partagés de manière à peu près équivalente est un mensonge éhonté. Nous pourrions poursuivre longtemps cette liste, et ces mensonges, d’autant plus faciles à faire gober au lecteur que ce pensum ne rappelle à aucun moment le résultat des votes…

Le dossier déposé par la Ville auprès du ministère de la Transition écologique ne laisse aucun doute sur les intentions de la mairie : les grilles vont disparaître, tant pour le square Jean XXIII que pour le square de l’Île-de-France [1], ainsi qu’une partie du mobilier urbain pour être remplacé par un nouveau : on sait ce que cela signifie dans l’esprit de la mairie de Paris.

Une fois de plus, le ministère de la Culture, qui reste très silencieux sur cette affaire, se fait ainsi le complice de la mairie de Paris. Il lui serait pourtant très simple de dire haut et fort qu’il ne faut pas toucher à cette partie des abords de la cathédrale, puisqu’il a tous les moyens, via l’avis de l’Architecte des bâtiments de France, de s’y opposer. Il est vrai que ce dernier est sous la coupe du préfet de région. Nous avons reconnu que ce qui est envisagé au sud de celle-ci, et sur le parvis, est acceptable, nous ne pratiquons donc pas d’obstruction systématique. Mais l’intégrité du jardin de l’Archevêché n’est pas discutable.


3. Page de la pétition
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Nous remercions donc celui qui préfère œuvrer sur Twitter sous pseudonyme, Baptiste75004, défenseur de Paris déjà très actif pour la place de la Concorde et la rotonde de Ledoux à La Villette, qui vient de lancer une pétition (pour la signer cliquer ici) pour que tous les amoureux de Paris et de Notre-Dame puissent signer contre ce projet destructeur.

Rappelons que la municipalité avait promis de participer à hauteur de 50 millions à la restauration de Notre-Dame. Un mensonge, un de plus, puisqu’elle y a finalement renoncé et décidé d’affecter cet argent aux travaux sur les abords. 50 millions, dont une partie servira à détruire le square de l’Archevêché. Il y a pire que l’incendie : il y a la mairie de Paris.

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