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Une peinture de Millet achetée par Cherbourg
26/4/23 - Acquisition - Cherbourg, Musée Thomas Henry - Si Jean-François Millet fut avant tout le peintre des paysans, il s’essaya au grand genre de l’histoire pendant ses années de formation : ayant quitté Cherbourg pour Paris, il entra à l’École des beaux-arts où il étudia entre 1837 et 1839, plus particulièrement auprès de Paul Delaroche. Son ami Alfred Sensier [1] évoque cette habitude qu’avait le maître « de préparer ses élèves au grand prix de Rome et de leur indiquer des sujets historiques pour qu’il put juger de leurs forces [...] Millet n’y passa point inaperçu. Quand nous en voyons passer par hasard quelques restes sauvés de la destruction, nous y retrouvons toujours un point, un trait. »
Une étude peinte à l’huile témoigne de cette formation, récemment achetée par le Musée Thomas Henry à la Galerie Ambroise Duchemin associée pour l’occasion avec Élodie Bailliet (ill. 1). Paul Guermond, attaché de conservation du patrimoine, précise qu’elle sera restaurée dans le courant de l’année avant d’être exposée.
- 1. Jean-François Millet (1814-1875)
Joseph vendu par ses frères, 1837-1839
Huile sur toile - 32 x 40 cm
Cherbourg, Musée Thomas Henry
Photo : Musée Thomas Henry - Voir l´image dans sa page
Le sujet du grand prix de Rome de l’année 1839, qui fut remporté par Ernest Hébert, était La Coupe de Joseph découverte dans le sac de Benjamin. Il est tentant de voir dans l’œuvre de Millet la mise en scène de ce passage de la Bible. Au centre, un homme semble ouvrir un grand sac, tandis qu’à droite se tient un garçon désemparé. Néanmoins, celui-ci est à moitié nu, ce qui n’est pas cohérent avec l’histoire, même si Hébert lui aussi représente le petit Benjamin à peine couvert d’un drapé. En outre, Millet a ajouté un autre personnage totalement nu, assis au second plan à gauche, près d’un trou bordé de pierres, ainsi que des chameaux à droite ; autant d’éléments qui n’apparaissent pas dans le récit.
Le peintre a donc plus probablement…