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Une « Danse des Willis » pour Orsay
8/4/25 - Acquisition - Paris, Musée d’Orsay - Même un chef-d’œuvre a parfois besoin d’un rayon de soleil pour révéler toutes ses qualités : découvert un matin d’hiver, en février dernier, ce somptueux vase-aiguière assorti de son plateau(ill. 1) nous a donc semblé naturellement destiné au Musée d’Orsay, qui ne possédait rien d’équivalent. Dûment prévenues, ses équipes n’ont eu que quelques jours pour agir et acquérir ce si bel objet proposé à Cannes, chez Azur Enchères, lors de la vente du 25 février. Une bonne partie des regards étant braqués sur un superbe tableau de Greuze, d’ailleurs adjugé pour une somme cohérente, comment s’étonner de voir le vase-aiguière et son plateau échapper à toute bataille d’enchères quelques lots après ? Ainsi adjugés à leur estimation basse - 10 000 € marteau, soit 13 000 € avec les frais - et sans que la salle ne réagisse, ils furent donc emportés à ce prix fort raisonnable pour être offerts au musée par l’indispensable Société des Amis des Musées d’Orsay et de l’Orangerie.
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- 1. Auguste Lemaire (actif entre 1851 et 1868) d’après Léonard Morel-Ladeuil (1820-1888)
Vase-aiguière « La Danse des Willis » et son plateau, avant 1862
Bronze argenté fondu en haut relief et ciselé à froid - 68 x 54 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : Alexandre Lafore - Voir l´image dans sa page
On ne sait qu’admirer en premier dans ce chef-d’œuvre parfaitement expertisé par le cabinet Lacroix-Jeannest [1] : l’élégance et la souplesse de la forme, la richesse et l’exubérance du décor, la qualité de la fonte et de la ciselure ? Un coup d’œil suffit à mesurer l’inventivité iconographique et la prouesse technique (ill. 2 et 3) de l’objet à la fois massif et léger, d’aspect très équilibré malgré ses dimensions imposantes. On sait que le modèle fut élaboré par Léonard Morel-Ladeuil entre 1851 et 1855, soit un peu plus de dix ans après la première représentation du si célèbre ballet romantique Giselle, dont la bacchanale des Willis au deuxième acte…