- 1. Pascal Coste (1787-1879)
Palais de la Bourse, 1852-1860
En cours d’inscription, puis de classement monument historique
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
23/3/22 - Musée - Marseille, Musée de la Marine - Le rétropédalage est un art, et Jean-Luc Chauvin, le président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence (CCIAMP) va certainement passer maître en cette discipline. Il donnait en effet cette après-midi une conférence de presse sur les collections de l’établissement public que celui-ci se proposait de vendre (voir les articles).
L’essentiel du début de cette conférence a consisté à répéter une nouvelle fois les arguments, très discutables, déjà employés dans les interviews donnés à France Bleu et à Destimed, et que nous analysions dans cet article. Il est inutile d’y revenir. En revanche, nous pouvons commenter certaines de ses déclarations.
– Pour prouver que la CCIAMP se préoccupe de son patrimoine, le président s’est vanté d’avoir fait classer le Palais de la Bourse, ce qui est effectivement une excellente nouvelle car il était incompréhensible qu’il ne le soit pas. « Personne n’y avait songé depuis 1860, c’est fait depuis début 2021 » a-t-il dit, laissant entendre qu’il était à l’origine de cette protection. Il est exact qu’il a donné son accord à ce classement, ce dont on doit lui savoir gré. Mais la DRAC, qui souhaite désormais mieux protéger le patrimoine marseillais qui l’est fort peu, est moteur dans ce domaine. Remarquons d’ailleurs que le Palais de la Bourse n’est toujours pas officiellement inscrit, et donc encore moins classé contrairement à ce qu’il affirme, même si ce dénouement est acquis.
– Il se gargarise des discussions qu’il a eues avec le MUCEM sur le devenir des œuvres de la CCIAMP, comme si le MUCEM, architecture aussi belle que vaine, musée constitué sur la dépouille du Musée et Arts Tradition Populaires qui ne montre qu’une infime partie de ces collections, pouvait disposer des espaces nécessaires pour présenter les œuvres d’un autre musée…
– S’il confirme qu’il veut désormais créer un fonds de dotation qui pourra être abondé par des dotations d’entreprises et de particulier, doter les collections d’un « comité du patrimoine économique et culturel, chargé d’arrêter et d’arbitrer les choix stratégiques de la CCI dans la gestion du patrimoine » et même - c’est nouveau, et c’est très bien - vouloir favoriser l’« émergence d’une solution pérenne via la création d’un musée de la mer » basé sur les collections de la CCIAMP, il ne peut néanmoins s’empêcher de continuer à parler de « l’évaluation des œuvres et le cas échéant de vente aux enchères ».
– Comme ce dernier point est très contradictoire avec la volonté de créer un musée et de « mettre en lumière [ces œuvres] au bénéfice des Marseillais, des Provençaux et des visiteurs », il prend soin tout de même d’affirmer que la vente ne sera peut-être pas nécessaire si l’argent du fonds de dotation est suffisant (sans préciser de quel montant celui-ci a besoin, ni combien la vente pourrait rapporter, alors que ce serait certainement infime par rapport au coût du musée).
– Sur les 187 œuvres (liste indicative souligne-t-il) qu’il était prévu de vendre, à la question posée de la manière dont celles-ci ont été choisies, sa réponse est tout à fait incohérente : « il s’agit de pièces dont on a la certitude qu’elles ont bien été acquises ou commandées par la CCIAMP et qu’elles font donc partie de notre patrimoine privé ! ». D’une part, toutes les œuvres de la collection sont propriété de la CCIAMP, par achat, don ou commande (ou alors la CCIAMP recèleraient des œuvres qui ne lui appartiennent pas ?) : rappelons d’ailleurs que dans la loi française, possession vaut titre. Ensuite, il confond « achat » et « patrimoine privé ». Toutes les œuvres d’art de la CCIAMP, établissement public, et constituant une collection, qui plus est d’un musée qui était ouvert au public, sont dans son domaine public, et non privé, quelque soit le mode d’acquisition.
On peut comprendre que le président de la CCIAMP ne veuille pas perdre la face. Mais il ne la perdrait pas s’il admettait qu’il s’est fourvoyé, et que grâce au travail de veille de la presse, notamment de La Marseillaise (et un peu aussi de La Tribune de l’Art) cette erreur est désormais de notoriété publique. Cela lui éviterait de continuer à parler comme il l’a fait dans sa conférence de presse d’ « esprits malveillants et chagrins » qui se sont montrés « injustes », et de nier avoir refusée de répondre aux journalistes, ce qui a pourtant été le cas, nous pouvons en témoigner. Heureusement, a-t-il dit, aujourd’hui on peut tracer les mails et reconstituer l’historique de ces demandes. Nous mettons à sa disposition les preuves qu’il avait bien refusé de nous répondre, comme d’ailleurs il ne nous a pas invité à cette conférence de presse dont nous avons pu néanmoins nous procurer un enregistrement. Il est évident qu’il ne peut plus vendre les œuvres d’un musée qu’il dit appeler de ses vœux. Qu’il le reconnaisse une fois pour toute, voilà qui serait à son honneur.