La visite de l’Hôtel Lambert qui a alimenté notre article du 16 janvier a été effectuée en compagnie d’Alexandre Gady de l’Association Momus et de journalistes spécialisés de Connaissance des Arts et de Beaux-Arts Magazine. Le discours qui nous a été tenu et ce que nous avons pu observer sur place nous avaient tous convaincus que la polémique avait été exagérée et que, si plusieurs points posaient problème, les orientations prises étaient, dans l’ensemble, les bonnes.
A une question d’Alexandre Gady sur la participation de Claude Landes, le meilleur spécialistes des huisseries anciennes, au diagnostic effectué, l’architecte en chef des monuments historiques, Alain-Charles Perrot, avait répondu : « oui, il a été consulté ». Cela nous autorisait à penser que le dossier d’étude préalable, où la majorité des fenêtres est décrite comme datant du XXe siècle, était pertinent.
Or, aussi incroyable que cela puisse paraître, l’architecte nous a sciemment caché la vérité : Claude Landes nous a confirmé ne jamais avoir été sollicité.
Ceci remet en cause l’intégralité de ce qui nous a été dit lors de cette visite. La confiance est quelque chose qui se mérite et il faut maintenant nous interroger sur tous les points de ce discours lénifiant : le système de refroidissement et de chauffage est-il bien un simple « distributeur d’air », ou une vraie climatisation comme l’affirme un architecte ayant examiné les plans pour la Commission du Vieux Paris ? Les restaurateurs qui prendront en charge la galerie d’Hercule seront-ils également ceux dont on nous a parlé (et qui ont préalablement travaillé à la Galerie d’Apollon au Louvre et à la Galerie des Glaces à Versailles) ou s’agira-t-il d’une autre équipe, le choix final n’ayant pas encore été fait, contrairement à ce qu’on nous a laissé entendre ? Qui restaurera les autres décors muraux : toujours cette équipe, comme nous avons cru le comprendre lors de la visite ou s’agira-t-il d’autres restaurateurs ? Et dans ce cas, auront-ils les mêmes compétences ?
Pour désamorcer au plus vite cette affaire, il faudra bien répondre à toutes ces questions. Il faudra aussi que Claude Landes soit effectivement appelé sur ce chantier et donne son avis sur les huisseries. Si celles-ci s’avéraient plus anciennes que ce qui apparaît dans l’étude préalable d’Alain-Charles Perrot, cela invaliderait toute cette étude. Il est nécessaire également d’inclure le spécialiste de Le Vau dans le comité scientifique, comme cela nous a été annoncé (une décision qui aurait d’ailleurs dû intervenir bien en amont, avant la remise de l’étude préalable).
La communication autour de ce projet témoignait-elle d’une volonté de transparence ou d’une opération de séduction cachant des intentions moins avouables ? En attendant de répondre clairement à cette question cruciale, nous préférons enlever l’article que nous avions écrit. La Tribune de l’Art a pour habitude de donner des informations fiables et vérifiées. Sans doute avons-nous fait preuve, dans cette affaire, de naïveté et nous présentons nos excuses à nos lecteurs. Faut-il souligner par ailleurs le caractère indispensable de la Commission du Vieux Paris que nous n’avons jamais voulu remettre en cause ? Nous avions écrit : « Il est dommage que la Commission du Vieux Paris n’ait pu prendre connaissance du dossier complet avant de se prononcer. » pour regretter que celui-ci ne lui ait pas été envoyé, non pour lui reprocher de ne pas se l’être procuré.
Cette affaire ne fait effectivement que commencer : nous y reviendrons très bientôt, d’autant que trois autres points, que l’on ne nous avait pas cachés, posent de graves problèmes : le parking creusé dans le jardin, l’installation d’un ascenseur perçant un plafond à solives et entraînant la destruction d’un escalier XIXe de Jean-Baptiste Lassus et la dépose d’éléments néo-gothiques au troisième étage du bâtiment.