Subscriber content
Un chef-d’œuvre d’Oudry en route vers Fontainebleau
16/8/20 - Acquisition (en cours) - Fontainebleau, Musée national du château - Une information sensationnelle se cache au sein du catalogue de la très belle sélection de tableaux anciens qui sera proposée chez Christie’s à Paris le 15 septembre [1] : l’une de ses pièces maîtresses ne connaîtra finalement pas le feu des enchères puisqu’elle fait actuellement l’objet d’une vente de gré à gré [2] avec le château de Fontainebleau ! Il s’agit d’un magnifique tableau (ill. 1) de Jean-Baptiste Oudry, connu par la littérature où il avait été - parcimonieusement - reproduit en noir et blanc mais jamais montré en public : l’ouverture de l’exposition chez Christie’s, prévue pour le mercredi 9 septembre, est donc attendue avec une très grande impatience car l’on espère que l’œuvre y sera dévoilée !
- 1. Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Cadet et Hermine
Huile sur toile - 85 x 132 cm
En cours d’acquisition par le château de Fontainebleau
Photo : Christie’s - See the image in its page
Cadet et Hermine, épagneuls de Louis XV, bénéficient ici de véritables «portraits de chiens», comme on a coutume de qualifier cette attachante production de l’artiste si réputé pour ses toiles cynégétiques. On sait que le roi accordait à la chasse une place capitale dans sa vie quotidienne, à l’extérieur comme à l’intérieur : tout au long de sa vie, des tableaux de chasse ont décoré les appartements où il vivait et il avait fait accrocher dès son retour à Versailles en 1723 des têtes en plâtre de cerfs, de biches et de daims - portant de véritables bois d’animaux - sur les façades de la cour des Cerfs.
- 2. Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Portrait du chevalier de Beringhen, 1722
Huile sur toile - 147 x 114 cm
Washington, National Gallery of Art
Photo : NGA (domaine public) - See the image in its page
C’est probablement le marquis Henri-Camille de Beringhen (1693-1770), devenu premier écuyer du roi à la mort de son père en mai 1723, qui mit en relation le souverain et le peintre dont il était le protecteur : Oudry avait réalisé son portrait (ill. 2) l’année précédente puis avait livré des panneaux décorés de sujets cynégétiques pour deux calèches destinées au roi. A cette période, Oudry avait déjà commencé à peindre des chiens de chasse et avait eu l’occasion de faire admirer ses œuvres à l’Exposition de la jeunesse de 1723 et de 1725 ainsi qu’au Salon de 1725, le tout premier du règne de Louis XV, la manifestation n’ayant pas eu lieu depuis 1704. Peu de temps après, Jean-Baptiste Oudry bénéficia de sa première commande royale : le portrait (ill. 3) de deux levrettes de la meute du roi, Misse et Turlu. Selon le Mercure de France de septembre 1725, ce «portrait de chiens» fut peint non seulement d’après nature mais surtout en présence du roi lui-même. On songe, bien sûr, aux tableaux d’Alexandre-François Desportes (1661-1743) qui avait déjà exécuté pour Louis XIV des «portraits» de ses chiennes favorites -…