Contenu abonnés
Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914
Paris, L’École des Arts Joailliers, du 2 juin au 30 septembre 2023
Comme à son habitude, L’École des Arts Joailliers embrasse avec sérieux un sujet que d’aucuns trouveraient rapidement futile et a judicieusement confié à Rossella Froissart - directrice d’études à l’École pratique des hautes études - le commissariat de cette intéressante exposition. Le foisonnement créatif du bijou Art nouveau garantissait son succès, qui ne s’est certainement pas démenti depuis son ouverture en juin : si l’institution a rapidement réagi en élargissant ses horaires tout comme en ouvrant un jour de plus, les derniers créneaux disponibles sont partis comme des petits pains. Recommander une exposition qui n’est déjà plus accessible reste un exercice paradoxal, qui rappelle les tristes temps de la récente pandémie, mais l’institution - consciente de l’exiguïté de ses espaces - a depuis toujours privilégié le confort de visite à la course aux records de fréquentation et il serait malavisé de s’en plaindre. Si la scénographie du parcours n’est pas des plus subtiles, elle met bien en valeur les pièces sélectionnées au sein de diverses collections publiques et privées.
- 1. Vue de l’exposition « Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914 »
Photo : Benjamin Chelly - Voir l´image dans sa page
En 90 numéros, les vitrines racontent les « métamorphoses » du bijou français à la charnière de ces deux siècles mais il vaut bien sûr mieux disposer de quelques connaissances dans le domaine pour bien percevoir leur portée. Comme le précise d’emblée Rossella Froissart, la valeur vénale des pièces s’efface volontiers devant l’originalité de leur création : le renouvellement des formes, des matières et des effets prend volontiers le pas sur les cascades de pierres précieuses. Calcédoines, cornalines ou chrysoprases parsèment la sélection, faisant ainsi presque oublier les diamants et les rubis que l’on s’attendait à admirer. L’exposition fait aussi la part belle au travail de l’émail, allant parfois jusqu’à s’éloigner de la pure joaillerie pour…