Abords de Notre-Dame : les infox d’Emmanuel Grégoire (3) : les bancs disparus

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Dans notre série sur les infox diffusées par la mairie de Paris, nous pouvons revenir au titre du premier article car cette fois-ci Emmanuel Grégoire est clair et martial sur un point qui est faux, une nouvelle fois, ce qui est facile à prouver. Remarquons que nos trois articles déjà parus viennent s’ajouter à notre exégèse de son interview du Journal du Dimanche ou préciser certains points.
C’est ainsi que nous écrivions que les documents officiels de la mairie montrent que le mobilier urbain historique, notamment les bancs, ne sera pas « reposé à l’identique », sans aller plus loin dans notre analyse. Nous pouvons le faire ici, avec l’aide d’un des outils d’une importance majeure pour démontrer les mensonges permanents de cette municipalité : Google Earth, Google Maps et Google Streets. Car grâce à ce dernier, il est possible de se promener dans le square de l’Archevêché en août 2009, et de compter les bancs qui s’y trouvaient donc avant l’incendie.


1. Anciens bancs dans le square Jean XXIII
Photo : Google Streets (août 2009)
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2. Carla Bruni et Owen Wilson dans Midnight in Paris
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Voici le décompte que nous avons fait, qui est exact à l’unité près, sauf erreur peu probable de notre part [1]. Il y avait en tout 109 bancs dans le square Jean XXIII, et 17 dans le square de l’Île-de-France. Tous n’étaient pas, loin de là, des bancs Davioud qui semblent, depuis que les amoureux de Paris en ont fait leur symbole, le seul auquel Emmanuel Grégoire semble prêter attention, preuve qu’il n’a rien compris à ce que souhaitent les protecteurs du patrimoine. Ce banc Davioud, comme celui qu’ont offert les sympathisants de #SaccageParis (voir la brève du 18/5/21), n’est évidemment pas le seul modèle de banc parisien que nous souhaitons voir conserver. Certains, un peu plus récents, font tout autant partie du paysage de la capitale et sont à la fois esthétiques et confortables. Celui que l’on trouvait dans les squares Jean XXIII et de l’Île-de-France, si nous ne savons pas le dater exactement, reprenait de façon plus simple un modèle qu’Emmanuel Grégoire d’ailleurs, dans le premier tome de son « manifeste pour la beauté », appelait « banc Davioud dans sa version moderne » (ill. 1). C’est sur l’un de ces bancs que Carla Bruni et Owen Wilson sont assis dans le film de Woody Allen, Midnight in Paris [2].


3. Le square Jean XXIII avant l’incendie
(partie sud et début de la partie est, d’après le document de la Ville de Paris
destiné à la CNPA). Nous avons rajouté les bancs qui sont absents de ce dessin (sans doute volontairement, pour cacher leur existence antérieure et leur disparition)
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4. Mêmes endroits que l’illustration 1 d’après le même document.
Il n’y a plus aucun banc
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Il y avait donc en tout 126 bancs dans les deux squares, dont 10 bancs Davioud « classiques ». Il en reste seulement 23 dans le projet, tous des bancs Davioud. On comprend donc le raisonnement d’Emmanuel Grégoire qui considère désormais comme « historiques » seulement les bancs Davioud. Et encore, ces bancs sont uniquement placés sous les tilleuls du square Jean XXIII à l’est de la cathédrale. Au sud de celle-ci, et dans le jardin de l’Île-de-France, il n’y a plus aucun banc : les visiteurs devront s’asseoir sur les assises en béton ou en pierre, et sur les pelouses !


5. Squares Jean XXIII et de l’Île-de-France dans le prolongement de l’illustration 3,
d’après le document de la CNPA qui ne montre pas l’état antérieur, nous avons donc ajouté les bancs qui existaient au jardin tel que le prévoit le projet
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6. Mêmes endroits que l’illustration 5 d’après le document de la CNPA.
Il reste en tout 23 bancs uniquement dans le jardin de l’Archevêché
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Le mobilier historique ne sera donc pas « reposé à l’identique ». Plus de quatre cinquième des bancs manqueront à l’appel. On peut craindre le pire à leur sujet. Rappelons la vidéo (voir ci-dessous) que nous avions diffusée en 2020, où l’on voyait des ouvriers casser l’un d’entre eux à la masse. La mairie de Paris n’aime pas les fleurs, elle n’aime pas les massifs d’arbustes, elle n’aime pas les arbres, elle n’aime les pelouses que si on peut y pique-niquer... Et elle n’aime les bancs que si ils sont en pierre ou en béton.



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