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Les Grotesques

Auteur : Alessandra Zamperini

Grotesque comme grottes, grotesque comme monstrueux, grotesque comme caprice, le mot eut évidemment plus d’un sens et d’un emploi au cours des siècles. Il partage en effet avec la peinture qu’il désigne une hybridité qui, de tout temps, fut un objet de délectation et de débat, de plaisir et de résistance. Outre qu’elle violente dès l’Antiquité la conception d’une image arrimée au raisonnable et à la vraisemblance, la pratique des grotesques abolit ou trouble d’emblée la frontière entre vocation décorative et fonction hiéroglyphique, forme gratuite et symbole chiffré. Sa nature profonde est de combiner plus que de séparer, d’étonner plus que de conforter, d’appuyer ses métamorphoses sur les libertés qu’offrent ensemble la littérature, les sciences de la nature ou la culture du paradoxe. Généralement, les ouvrages consacrés au sujet s’attardent sur la peinture romaine et son réveil au XVe siècle. Et en dehors des brillants essais d’André Chastel et de Philippe Morel, qui ont réintégré les grotesques parmi les codes de la Renaissance, l’édition française était plus que pauvre en ouvrages de synthèse. Le beau livre d’Alessandra Zamperini, beau à tous égards, décrit une évolution de près de deux mille ans, puisque Toulouse-Lautrec en clôt l’analyse sur une jolie pirouette.

L’auteur revient d’emblée sur l’hostilité que suscita cette peinture, faussement délirante, sous Auguste. Souvent cités et glosés, les textes de Vitruve et d’Horace en disent long sur le rapport ambivalent que l’époque entretient avec cet art de la fantaisie, qui contreviendrait à la mimesis. Le De architectura du premier est d’ailleurs plus catégorique que l’Art poétique du second dans le rejet d’un goût aussi dépravé que répandu. Comme le remarque avec ironie l’auteur, les résidences princières accueillent largement ces grotesques condamnés ailleurs au nom de la saine et sainte beauté. Il faut donc se méfier des lectures (Paul Zanker) qui attribuent ce rejet théorique des grotesques à la…

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