- Nef de l’église Saint-Roch
8 avril 2015
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
Combien de temps encore les églises parisiennes, un patrimoine historique parmi les plus précieux de notre pays, vont-elles subir les conséquences de l’ignorance, du mépris et de l’indifférence de la maire de la ville, Anne Hidalgo, qui ne fait sur ce plan que poursuivre la politique désastreuse et inconsciente de son prédécesseur ? Combien de temps faudra-t-il encore avant qu’un fidèle ou un simple passant soit blessé ou tué par l’impéritie de cette mairie qui laisse à l’abandon une grande partie de ces monuments ? Il y a huit ans, c’était une pierre qui se détachait de la façade de l’église Saint-Paul et s’écrasait sur le parvis, obligeant finalement la mairie à engager des travaux de restauration (qui n’ont d’ailleurs porté que sur cette seule façade ; voir la brève du 2/11/12). Il y a deux ans, c’était une sculpture qui chutait lourdement du porche de Saint-Augustin (voir l’article). Pas question alors de restaurer une église pourtant déjà largement en péril et couverte de filets (voir notre article et notre vidéo) : on se contentait d’installer un échafaudage pour empêcher d’autres morceaux de choir sur les visiteurs. Il y a quelques jours à peine, c’était au tour d’un morceau de la croix du clocher de Saint-Louis-en-l’Île de s’écraser sur le sol (voir Le Parisien), là encore manquant de tuer quelqu’un.
Et depuis vendredi dernier, la nef de l’église Saint-Roch est interdite, les vitraux, jamais entretenus, menaçant de s’effondrer. C’est grâce aux pigeons passant par les trous des verrières que le danger a pu être découvert : le curé de la paroisse ayant signalé cette situation, un spécialiste s’est rendu sur place et n’a pu que constater le désastre et donner l’alerte. Nul doute que des filets vont être installés, repoussant aux calendes grecques une indispensable restauration. Quand on pense que Saint-Roch est sans doute une des églises en meilleur état de la ville [1] !
Rien n’est fait par la mairie pour remédier à cette situation qui devient chaque jour plus grave. Anne Hidalgo et Bruno Julliard, son adjoint au patrimoine (car il y a un adjoint au patrimoine !), ont beau proclamer qu’ils vont débloquer 80 millions d’euros [2] comme s’ils avaient compris l’urgence, il s’agit d’une désinformation absolue, un gros mensonge par omission : ces 80 millions sur une mandature, une goutte d’eau par rapport aux besoins, étaient prévus dans le programme d’Hidalgo. Ce montant n’est qu’une reconduction de ce que Delanoë a consacré depuis son arrivée à la mairie aux églises. Une somme dérisoire, totalement insuffisante, qui ne résoudra rien.
Les associations ont chiffré les besoins à 500 millions sur quinze ans. Or, nous l’avons dit, cette somme pourrait parfaitement être trouvée par la Mairie de Paris. Il n’y a pas besoin de chercher très loin : il suffirait d’y dédier le budget que la démagogue Anne Hidalgo a prévu de dépenser pour des projets « participatifs » (voir cet article) dont on peut par définition même parfaitement se passer (et, quand on voit certaines propositions, dont on doit se passer).
À l’heure où la ministre de la Culture et le président de la République se mobilisent à juste titre contre le vandalisme qui se déchaîne au Proche-Orient, il serait peut-être temps qu’ils réalisent qu’un autre vandalisme, non moins grave même s’il est plus lent et plus insidieux, est en jeu actuellement dans la capitale française. C’est tout un patrimoine qu’on laisse sciemment s’écrouler, jusqu’au jour où l’on prétendra qu’il n’y a plus rien à faire, et qu’il n’y aura plus qu’à envoyer les bulldozers.