Nous nous sommes intéressés dans un précédent article au groupe de travail « Le Numérique au Louvre ». Nous allons maintenant examiner les conclusions du groupe consacré aux ressources humaines, divisé en deux ateliers.
Là encore, il n’y a aucune logique dans le plan, aucune cohérence dans les différentes actions proposées, aucune pertinence dans à peu près tout. Nous pourrions d’ailleurs citer intégralement le document, sans commentaires.
Mais puisque c’est bon de rire, parfois, nous essaierons de vous amuser. Car avec une telle chose, l’humour est la meilleure des armes. Nous garantissons que tout ce que nous citons se trouve bien dans le document.
Commençons avec l’atelier, intitulé « Dialogue social et communication interne pendant le projet ».
Le premier sujet, sobrement dénommé « Dialogue social », ne comporte qu’une phrase : « Besoin d’information pour les agents en poste pendant les travaux pour orienter les visiteurs [1] ». Il fallait y penser et l’écrire noir sur blanc : il faudra informer les agents pour qu’ils renseignent les visiteurs sur ce qui sera ouvert et fermé. C’est assez novateur.
Le deuxième sujet, titré « Les modalités de participation », comporte quatre points.
Premier point : « Un enjeu de participation dans les phases amont mais également de manière régulière tout au long du projet. » On remarquera l’absence de verbe.
Deuxième point (on ne commentera pas tellement c’est puissant ; la phrase se suffit à elle-même) : « L’information est différente de la participation, les participants doivent avoir des leviers d’actions sinon ce n’est pas de la participation ».
Troisième point : « Une réflexion à mener sur les formats de cette participation pour ne pas surcharger tout en permettant le contact humain. » Ne surchargeons pas surtout, et soyons humains.
Quatrième point : « Le sentiment de légitimité est influencé par le mode de désignation. ». Quand on vous dit que c’est du lourd, on ne mentait pas.
Le troisième sujet, « Les méthodes et outils de communication interne » est le plus fourni puisqu’il compte à son tour sept points.
Premier point (tout est en gras, donc chaque mot compte) : « Importance du contact direct avec les agents, les outils numériques seuls ne suffisent pas ». Le contact humain à nouveau, il n’y a que ça de vrai.
Deuxième point (pas de gras, ce doit être moins important, ce n’est en tout cas pas plus clair que le reste) : « Proposition de normer les bonnes pratiques de communication et de participation ».
Nous passerons le troisième point car certains lecteurs semblent décrocher, et passerons au quatrième, qui est plutôt un constat : « Une inquiétude générale quant au manque de moyens ». Sachant que le projet n’est pas financé, on s’en serait douté un peu.
Le cinquième point est à peu près aussi peu clair que le reste : « Un travail en interne est à réaliser pour désamorcer les frustrations/incompréhensions quant aux priorisations . »
Passons le sixième pour arriver au septième et dernier : « Un enjeu de normalisation des dispositifs pour assurer l’égalité ». C’est d’ailleurs exact, on ne normalise jamais assez les dispositifs pour assurer l’égalité…
Du quatrième sujet, « Le recueil des attentes et souhaits des agents et OS », qui comporte quatre points, nous ne rapporterons ici que le dernier : « L’importance de na pas écarter de la réflexion les problématiques du quotidien déjà exprimées pour ne pas générer de la frustration . »
Pour éviter la frustration, il faut donc, si l’on en croit ce qu’on lit dans les troisième et quatrième sujet (qui abordent tous les deux ce sentiment), « réaliser un travail en interne en n’écartant pas les problématiques du quotidien ». Ou l’inverse.
Nous serons plus rapides sur la synthèse du deuxième atelier de la thématique [2] qui aborde plein de sujets en autant de phrases tout aussi creuses. On signalera d’abord qu’il y a : « Un enjeu de rattrapage pour se mettre à jour sur les outils et modes de travail ». Cela paraît en effet indispensable. Ce serait par exemple une bonne idée d’avoir une formation en gestion de groupes de travail et en rédaction de document de synthèses ?
Tout comme pour la thématique « Numérique » (voir l’article), l’IA est également citée : « Les opportunités offertes par l’IA sont à saisir notamment pour des taches à faible valeur ajoutée, afin de recentrer l’humain sur des taches sur lesquelles il est essentiel ». L’humain, toujours l’humain au cœur de ce projet. Un peu plus loin on apprend que, pour les juristes, « des opportunités [seront] offertes par l’IA ». Mais pas pour n’importe quoi, attention : « notamment sur la rédaction de contrats à saisir ».
À propos de l’accueil, un point est encore plus incompréhensible que le reste, ce qui est une manière d’exploit. Nous citons la phrase exactement comme elle est écrite : « Une évolution des publics envisagée et une médiation à adapter en fonction. » Le public va évoluer donc ? Pourquoi ? Comment ? Nous n’avons pas d’indices à ce sujet, mais il va falloir adapter la médiation, ça c’est sûr.
On se demande parfois (souvent) ce que certaines choses viennent faire ici. Nous reproduisons exactement comme il est écrit un point fondamental :
« Comptable
* Utilisations d’outils évitant les ressaisies qui génèrent de la perte de temps.
* Un besoin de signature et parapheur électronique. »
Notons au passage que cela faisait longtemps qu’on n’avait pas évoqué cet outil magique : « signature et parapheur électronique ». D’ailleurs on le retrouve dans le point qui suit immédiatement :
« Logistique
* Il y a un fort enjeu de transition pour déployer les personnels du service logistique vers une autre activité au sein de l’établissement. Un besoin de signature et parapheur électronique. »
Certains pourraient croire que nous forçons le trait. Non, tout cela est écrit noir sur blanc dans le document. Et le point qui suit le précédent est bien, nous le garantissons :
« Secrétariat
* Une évolution du métier de secrétariat à prévoir tenant compte des impacts de l’IA sur des taches de type gestion de calendrier mais avec de nouvelles missions ». Nous offrons un abonnement gratuit d’un an à La Tribune d l’Art à qui pourra lire cette phrase sans rire. Mais nous vous prévenons tout de suite, seul un constat d’huissier nous convaincra que vous avez réussi ce défi.
Sur le sujet : « Accompagnement dans l’évolution des métiers », nous ne citerons que cette phrase (qui n’en est pas une puisqu’une fois de plus il n’y a pas de verbe) : « Besoin d’un accompagnement extérieur dans la définition de la vision ».
On n’oublie pas de parler d’une des missions essentielles d’un musée, les expositions. Certes, de manière assez courte mais qui promet beaucoup : « De nouvelle typologie d’exposition à imaginer. Étude en cours sur l’impact de l’IA sur les contenus avec beaucoup de changement à venir. » L’Intelligence Artificielle, toujours !
On retrouve d’ailleurs l’IA dans les deux sujets suivants que, là encore, nous reproduisons sans modification aucune :
« Documentaliste
* Un sujet identifié d’apport de l’IA pour les documentalistes ».
Régisseur
* Un sujet identifié d’apport de l’IA pour les régisseurs ».
Et nous conclurons avec les « Enjeux numériques et enjeux techniques : impact sur les modes de travail », en citant la dernière phrase de ce groupe de travail : « Le numérique s’accompagne de l’émergence de nouveaux métiers qui ne seront pas nécessairement tous internalisés afin de permettre une réactivité et de conserver une connexion à l’extérieur pour être en capacité d’innover ».
Voilà.