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Quelques livres sur l’art italien
Les voilà, à nouveau, ces gros livres sur l’art italien, que l’édition française multiplie à plaisir depuis une vingtaine d’années. L’approche de Noël semble les faire fleurir ici et là avec la ponctualité d’une moisson attendue. Il faut donc croire que leur audience ne se dément pas et qu’il est un public pour de tels monuments malgré l’étroitesse de nos bibliothèques et de nos bourses. Bien sûr, on peut trouver à leur succès quelques raisons objectives. Un exemple ? Saisissons, à deux mains, le copieux Michel-Ange peintre de Cristina Acidini Luchinat. C’est superbe et envoûtant à tous égards, rien à dire : photogravures et qualité de reproduction défient tous les agrandissements et la mobilité d’une mise en page qui passe du panoramique au gros plan dès que le texte l’exige. Les fresques de la Sixtine, plafond et mur du Jugement dernier, conservent de bout en bout leur palette acide et leur dessin musclé. Et ce qui vaut pour le cœur de l’ouvrage est vrai aussi des nombreux chapitres consacrés au reste du corpus. Car le livre ne souffre d’aucune lacune ; il se penche, de plus, avec force détails, sur les problèmes d’attributions soulevés ces dernières années par les multiples campagnes de restauration qui ont largement secoué la communauté scientifique. À Londres comme à Rome et Florence, les plus grands connaisseurs de Michel-Ange ont confronté leurs avis et leurs désaccords. L’ambition déclarée de Cristina Acidini Luchinat est de dresser le bilan le plus exhaustif et le plus impartial de ce débat souvent confiné aux revues ou aux catalogues confidentiels.
Pour beaucoup de ses lecteurs la synthèse qu’elle propose sera des plus utiles, d’autant plus qu’elle parle commande, style, iconographie aussi bien que technique et cadre (voir, par exemple, son analyse du Tondo Doni). L’analyse s’ouvre à la contradiction, se déploie dans le spectre des possibles et des hypothèses. Autant dire que le livre d’Heinrich W.…