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Quand les musées froufroutent et suivent la mode
Les musées filent-ils un mauvais coton ? Ils se laissent en tous les cas séduire par les faux-culs, les falbalas et les fanfreluches… Pas de doute, la mode est à la mode et pour la célébrer, les expositions se multiplient bien au-delà des institutions qui lui sont officiellement réservées, tel le Palais Galliera ou le Musée des Arts décoratifs. Il suffit de survoler l’actualité culturelle parisienne en ce printemps 2025 pour se rendre compte du phénomène : après Dolce & Gabbana au Grand Palais, la maison Worth investit le Petit Palais ; le Quai Branly aguiche les visiteurs avec une exposition consacrée à l’or dans les textiles, de l’Orient jusqu’au Soleil-Levant, tandis que le Louvre tente d’attirer le chaland dans son département des arts décoratifs en y déployant des robes Chanel, Jean-Paul Gautier ou Balenciaga…
Pourquoi cette invasion des sequins et froufrous ? Parce qu’il faut bien remplir les caisses. Les musées désormais sont priés d’être rentables, alors ils cherchent à plaire au plus grand nombre, en proposant des expositions faciles et spectaculaires au détriment - peut-être ? - de projets plus exigeants donc moins vendeurs. Le Petit Palais a tout de même la sagesse d’alterner les sujets, les scintillements du satin et les reflets du velours succèdent aux ténèbres de Ribera (voir l’article).
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- Vue de l’exposition « Worth. Inventer la haute couture » au Petit Palais
Photo : bbsg - Voir l´image dans sa page
Sans doute les réseaux sociaux jouent-ils un rôle dans cet engouement pour les arts du paraître. En diffusant largement les images des fashion weeks et des tapis rouges, ils alimentent les mythes de la haute couture ; et les musées surenchérissent en la rendant tangible. Ils donnent à leurs visiteurs le sentiment privilégié d’être au premier rang d’un défilé (les initiés disent front row), et la possibilité d’admirer de près des vêtements extraordinaires ... pour mieux les photographier à leur tour et les partager sur la toile.…