Présentation courte et désinvolte de deux nouveaux Frère Luc (et demi ?)

Le premier tableau que nous souhaitons présenter ici est une œuvre typique du peintre trouvée par le plus grand des hasards dans un endroit absolument inattendu : le duomo de Vicence en Italie (ill. 1). Il s’agit d’un Christ crucifié entouré de la Vierge et de saint François, belle composition dévotionnelle sur le thème de la Passion, dont l’iconographie franciscaine est naturellement très commune dans l’œuvre du frère Luc. Nous avons commencé à interroger nos collègues italiens sur la provenance de la toile, mais pour l’instant sans réponse [1].


1. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Christ crucifié entouré de la Vierge et de saint François
Huile sur toile - dimensions non prises
Vincence, Duomo
Photo : Pierre Curie
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2. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Apothéose de saint Louis
Huile sur toile - 285,5 x 217,5 cm
Villeneuve-sur-Lot, Musée de Gajac
Photo : Inventaire général d’Aquitaine
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On doit à Jean-Philippe Maisonnave l’exhumation de l’importante Apothéose de saint Louis du musée de Gajac de Villeneuve-sur-Lot (ill. 2) et à Jean-Christophe Baudequin et Jérôme Montcouquiol son attribution au récollet, à notre avis indiscutable. Dans la notice qu’il a rédigée pour la base Palissy, Jean-Philippe Maisonnave a exposé la problématique de l’origine du tableau – à l’iconographie royale [2] – où s’entremêlent des éléments difficiles à établir en toute certitude : saisie à la chapelle des Quinze-vingts à Paris sous une attribution à Le Brun ? Présence à la cathédrale de Lyon et dans la collection Fesch (ceci n’excluant pas cela, évidemment) [3] ? De l’iconographie complexe de la composition, on retiendra notamment le beau paysage en partie basse, avec cette évocation – si l’on se réfère à la vie du saint – d’une Jérusalem somme toute très romaine (on y reconnaît la silhouette du château Saint-Ange !) ; est-il possible que la toile ait un rapport quelconque avec Saint-Louis-des-Français ?

Enfin, lors d’une tournée dans la Picardie natale de l’artiste, il nous a semblé voir dans l’église d’Ailly-le-Haut-Clocher (Somme) les restes guère photographiables d’une toile présentant une moitié de Christ et servant de bouchage à une baie, en hauteur. Ce que nous avons pu voir de la composition nous a paru présenter des similitudes avec celle du Christ dictant à saint François les statuts de son ordre de l’église Saint-Antoine de Tilly (Québec [4]). Un sauvetage de cette œuvre est-il encore possible ? Un lecteur de La Tribune de l’Art aurait-il l’opportunité de la photographier ?

Pierre Curie

Notes

[1Nous n’avons pas pu prendre les dimensions de la toile, accrochée en hauteur, mais elle peut mesurer de 1,50 à 2 m de large. Le tableau, qui se trouve dans une chapelle latérale du Duomo, n’est pas recensé par Edoardo Arslan, Catalogo delle cose d’Arte e di Antichità d’Italia. Vicenza. I. Le chiese, Rome, De Luca, 1956. Il nous semble que l’étude de l’historique de ce tableau ferait un beau sujet de master I d’histoire de l’art pour un étudiant franco-italien.

[2Gérard Morisset rappelle que la reine Marie-Thérèse d’Autriche avait commandé à l’artiste pour son oratoire un Saint Louis portant la couronne d’épines qui se trouvait à Marly en 1710 (La vie et l’œuvre du frère Luc, Québec, 1944, p. 27).

[3Sur les dons du cardinal Fesch aux églises de Lyon, rappelons les travaux fondateurs de Daniel Ternois poursuivis par ceux de Gilles Chomer (voir par exemple « Quelques tableaux italiens en Rhône-Alpes », Seicento. Rencontres de l’Ecole du Louvre, Paris, La documentation française, 1990, p. 392-402).

[4Et non Yvelines, comme cela avait été indiqué par erreur.

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