Pratiques de marquage des supports à peindre

1. Marque à l’encre (pochoir) de
"BELOT / rue de L arbre Sec / N.° [3 ou 5]"
au dos de la toile de Enfant apprenant à lire à un chien,
Jeanne Elisabeth Chaudet Husson,
copie du tableau du Salon de 1799, sans doute vers 1805-1806
Photo : Pascal Labreuche
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Dans le cadre de la préparation de notre répertoire des marchands et fabricants de supports à peindre (toiles, châssis, panneaux, cartons, etc.) actifs à Paris de la fin du XVIIIe au début du XXe siècle (voir notre annonce du 6 février 2012 ici-même), nous enquêtons actuellement sur un point particulier.
Quelles sont les modalités et la période précise d’apparition de deux pratiques de marquage des supports : le marquage à l’encre au nom du fabricant ou marchand d’une part, et d’autre part l’inscription du numéro correspondant aux formats normalisés parisiens (ancêtres de nos formats standard actuels) ?

S’agissant des marques de fabricants et marchands, l’exemple le plus ancien pour Paris semble actuellement celui de la maison Belot. Un tableau de Jeanne Elisabeth CHAUDET HUSSON, portant cette marque au dos de la toile (ill. 1), est situé vers 1805-1806 par David Duputel (nous remercions M. Duputel de nous avoir permis d’examiner ce tableau dans sa galerie, en 2008).
En ce qui concerne le marquage du numéro de format, une étude systématique sur un grand nombre de revers de tableaux français du XIXe siècle nous amène à de premières observations.

2. Inscription de format "40" et marque
de Haro, centrées en haut de la toile,
au dos de Torse ou demi-figure peinte,
Isidore PILS (Concours de la Demi-Figure
peinte, 1838), 100 x 81 cm (toile de 40),
Ensba, inventaire : Torse 56, MU 4577
Photo Pascal Labreuche
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Tout d’abord, cette pratique est loin d’être généralisée et se révèle très peu courante sur l’échantillon étudié.
Nous avons aussi découvert une pratique inattendue, celle de l’indication manuscrite du numéro de format au dos des toiles, apparemment au fusain ou avec une craie noire, attestée notamment pour deux maisons traditionnelles de marchands et fabricants de toile (Rey et Haro, son neveu). Les exemples rencontrés s’échelonnent de 1830 à 1844 (ill. 2).
L’inscription manuscrite ne semble cependant pas être une étape de transition vers le marquage à l’encre (au pochoir), ce dernier en étant contemporain ou lui étant antérieur. Le plus ancien exemple observé est associé à la marque de Lebeaux, marchand de gravures (et de matériel pour artistes) à Versailles (ill. 3). Ce commerce étant attesté à cette adresse au moins à partir de 1825 et jusqu’en 1832 (la rue change alors de nom), cela permet de proposer la fourchette 1825-1832 pour cette première occurrence connue.

3. Marque de format au pochoir,
centrée en haut de la toile,
au dos d’un paysage d’Italie,
anonyme, école française, sd,
32,6 x 40,7 cm (toile de 6), coll. part.
En bas de la toile, marque au pochoir
déchiffrée ainsi : "Aux Beaux Arts /
Rue Dauphine N. 25 / LEBEAUX /
Tient tout ce qui Concerne / la Peinture
et le Dessin / VERSAILLES"
Photo Pascal Labreuche
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Pour nous aider à mieux élucider la date et les circonstances de la naissance de ces pratiques de marquage à Paris et en France, nous serions reconnaissant à toute personne pouvant nous signaler des exemples, les plus anciens possibles, d’apposition d’un numéro de format ou d’une marque de fournisseur (sur toile, châssis, panneau, carton, autre). Pour être fiables, les témoins matériels doivent se trouver au dos de tableaux sur leur support original, datés précisément ou de la main d’un artiste décédé avant 1830 environ. Les exemples provenant d’aires de production autres que françaises sont également les bienvenus pour éclairer le sujet.
Merci de nous adresser toute contribution, photographie, commentaire ou suggestion par email ou voie postale.

Adresse de correspondance :

Pascal Labreuche
50, rue des Couronnes
75020 Paris
e-mail : Labreuche.Pascal@wanadoo.fr

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