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Poussin ? Connais pas...
Prenez au hasard n’importe quelle personne ayant fait des études supérieures et supposée, à ce titre, posséder un certain bagage culturel puis sondez-la sur ses connaissances en histoire de l’art. Très probablement, elle connaîtra les noms de Gauguin, Delacroix, Rubens ou Titien, sans d’ailleurs savoir les replacer précisément dans la chronologie. Citez-lui maintenant ceux de Girodet, Jordaens, Tintoret ou Andrea del Sarto. Il est à peu près certain qu’elle n’aura pas la moindre idée de qui il s’agit. Pour la sculpture, c’est encore pire. Seuls Rodin et Michel-Ange feront peut-être jaillir dans son œil une lueur de reconnaissance. J’oubliais Camille Claudel qui ne doit son immense et récente notoriété qu’au succès du film avec Isabelle Adjani. Mais Donatello, Bernin ou Pierre Puget, pour ne rien dire d’Arnolfo di Cambio ou François Girardon sont totalement ignorés par 99,9 % de nos compatriotes.
Inversement, nommez quelques écrivains (au moins des écrivains français) dont l’importance est comparable : on se trouvera là en terrain sinon familier, du moins connu. Les Français donc, connaissent Molière et pas Poussin, Diderot et pas Clodion, Dumas et pas Chassériau. Ceci est normal : ils ont étudié les uns à l’école, et pas les autres. Cette ignorance, encore plus grande d’ailleurs pour l’architecture et les arts décoratifs, a des conséquences désastreuses. On ne peut s’empêcher de la lier au fait que la France a été - et est toujours, sous bien des aspects - l’un des pays occidentaux où le vandalisme a fait le plus de ravages. On ne peut comprendre ce que l’on ne connaît pas. Et à quoi bon conserver ce que l’on ne comprend pas.
Régulièrement, cet état de fait est dénoncé par quelques esprits éclairés qui prêchent dans le désert. Car lorsqu’on les entend, on ne comprend rien à leur demande. Ainsi, récemment, l’ancien ministre de l’Education (et pourtant également ancien ministre de la Culture), Jack Lang, avait annoncé que l’éducation artistique serait enfin…