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Pierre-Victor Galland. Un Tiepolo français au XIXe siècle
Roubaix, La Piscine-musée d’Art et d’Industrie André-Diligent. Du 1er juillet 2006 au 17 septembre 2006. Puis à Beauvais, Galerie nationale de la Tapisserie, du 18 octobre 2006 au 28 janvier 2007.
- 1. Pierre-Victor Galland (1822-1892)
Les Arts, esquisse pour la
galerie des Métiers de l’Hôtel de Ville de Paris, vers 1890
Huile sur toile - 111,5 x 115,5 cm
Roubaix, La Piscine, Musée d’Art
et d’Industrie André-Diligent
© Arnaud Loubry - Voir l´image dans sa page
Durant les trente dernières années, de nombreux peintres « pompiers » et auteurs de grands décors de la seconde moitié du XIXe ont été pour la plupart réhabilités par une monographie ou une exposition (Delaunay, Baudry, Gérôme, Gervex, Landelle, Luminais, Laurens, et bien d’autres...). Pour les XIXèmistes, l’œuvre et le nom de Pierre-Victor Galland restaient bien imprécis. Ses tableaux sont peu visibles dans les muséees et les localisations des peintures monumentales sont mal connues. Aussi, on ne pouvait qu’être heureux à l’idée de voir enfin une telle rétrospective.
L’exposition est très réussie, et le peintre éblouit. On ne s’attendait pas à trouver ces fulgurances chromatiques, ces dessins d’une virtuosité inouïe, ces esquisses d’une liberté qui fait comprendre le surnom de Tiepolo français qui lui a été donné. On n’est pas ici devant un quelconque académisme froid : cet artiste est un baroque, au sens que ce mot pouvait avoir aux XVIIe et XVIIIe siècles. Galland est cependant tout, sauf un isolé, un nostalgique qui reprendrait à son compte des formules disparues depuis près d’un siècle. Plusieurs de ses contemporains peuvent lui être comparés, au premier rang desquels Paul Baudry. Ce courant pictural ne s’éteindra pas avec lui mais se prolongera bien avant dans le XXe siècle, avec des décorateurs comme le français Paul Jonas ou le catalan José Maria Sert. Galland est un des plus brillants d’entre eux comme le démontre l’exposition de Roubaix.
Même s’il demeura moins connu que ses confrères, faute d’avoir participé régulièrement au Salon, Galland eut une carrière féconde et couverte de commandes. Il décora de nombreuses demeures privées et participa, comme Puvis de Chavannes à trois des grands chantiers de la Troisième République : l’Hôtel de Ville (ill. 1), la Sorbonne et le Panthéon. Il donna des cartons pour la Manufacture des Gobelins où il supervisa l’enseignement. Il fut aussi, à l’Ecole des Beaux-Arts, professeur d’Art décoratif, une chaire qui fut créée pour lui.
L’exposition, qui bénéficie d’une mise en scène simple mais efficace, met en valeur à la fois le talent du dessinateur et le fa presto du peintre. La première salle est consacrée à quelques études de paysages et aux scènes de genre. Certaines d’entre elles sont proches, par leur facture comme par leur sujet, de Thomas Couture. Cette influence est particulièrement évidente dans un tableau comme Le Visiteur du musée d’Orsay, avec sa manière de cerner la silhouette du personnage d’un trait de peinture brune, sa gamme des coloris ocres et l’inachèvement de l’ensemble [1].