- Le député Gilles Carrez défendant le budget
du patrimoine à l’Assemblée Nationale le 12/11/19
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De mémoire de parlementaire, la chose semble inédite comme nous l’a confirmé le député Gilles Carrez. Entre le moment où les parlementaires ont reçu le projet de loi de finance rectificative et sa discussion dans l’hémicycle, il n’y a eu qu’un week-end, qui plus est marqué par un jour férié. D’ordinaire, les députés ont au minimum quinze jours. Pourquoi cette précipitation ? Probablement pour cacher certains tours de passe-passe qui pourtant risquent de ne pas passer. Le gouvernement est en effet confronté à un déficit supérieur à 2,6 milliards sur le budget prévu. Il cherche donc des économies partout, n’hésitant pas à remplacer des crédits de fonctionnement (salaires, prestations sociales, aides au logement, etc.) par des crédits d’investissement comme ceux prévus pour les monuments historiques. C’est une politique absurde comme le souligne Gilles Carrez, qui explique à raison que ce déficit devra être financé par des emprunts, et qu’emprunter pour payer des salaires ou des prestations sociales, ce n’est pas pareil que pour construire des routes ou restaurer des monuments historiques.
La réserve de précaution des crédits du patrimoine est égale à 21 millions d’euros. Mais ce sont pas moins de 24 millions d’annulation que prévoit le projet de loi de finance rectificative. Or, cette annulation est absolument contraire aux engagement du gouvernement et notamment du ministre de la Culture comme l’affirme Gilles Carrez, un constat que fait également Stéphane Bern que nous avons contacté : « J’attends de voir ce que va faire le ministre de la Culture avec lequel nous avons une réunion demain. C’est lui qui nous a promis que les taxes du loto du patrimoine seraient compensées. Il me l’a encore répété lorsque j’ai inauguré le Salon du Patrimoine. J’attends de voir si cette mesure se confirme, et si c’est le cas, je monterai au créneau pour que le ministre fasse respecter les promesses de l’État. » Gilles Carrez qui est, au moment où nous écrivons ces lignes, en séance à l’Assemblée Nationale pour la discussion budgétaire, nous a confirmé qu’il monterait à nouveau au créneau.
Une fois de plus, hélas, le gouvernement Macron montre que le patrimoine est, malgré ce qu’il affirme un peu partout, la dernière de ses préoccupations. Nous le savions déjà pour les lois de protection qui ne cessent d’être rognées. Au moins le budget semblait préservé. Ce n’est donc même plus le cas. Tous les acteurs du patrimoine ne cessent pourtant d’affirmer l’évidence : le budget du patrimoine ne peut supporter d’incessantes variations. Déjà structurellement trop bas, il doit au moins être maintenu. Plus grave : en revenant sur ses promesses, le gouvernement se discrédite toujours davantage. Il suffisait d’ailleurs d’écouter ce qu’a répondu hier Franck Riester à Gilles Carrez (voir cette vidéo à partir de 1’30’’) pour constater que le ministre semble très ennuyé et n’était peut-être même pas au courant de cette coupe budgétaire. Il a tenté de la justifier en affirmant que « la réserve de précaution est faite pour être mobilisée en cas de besoin ». Sans même rappeler que ce coup de rabot est contraire aux promesses faites, comment ose-t-il affirmer que les monuments historiques ne sont pas en « besoin » de financement ?
Tout cela ne fait que renforcer notre conviction qu’il faut, une fois pour toutes, non seulement sanctuariser le budget du patrimoine, mais aussi lui trouver des ressources qui ne grèvent pas le budget de l’État. Nous renouvelons donc notre souhait (voir cet article) que soit mis en place une augmentation légère (0,50 ou 1 € par nuitée) de la taxe de séjour et une taxe d’1,8 % (comme pour le sport) sur toutes les mises de la Française des Jeux, qui seraient affectées entièrement au patrimoine. Il est incompréhensible que Franck Riester ne fasse pas siennes ces idées qui, s’il les défendait, le feraient apparaître enfin comme un bon ministre de la Culture.