Paquebots 1913-1942. Une esthétique transatlantique

L’exposition du Musée des Beaux-Arts de Nantes est remarquablement scénographiée, elle montre des œuvres superbes et permet des découvertes. Elle mérite donc une visite, mais il convient néanmoins de préciser que ceux qui s’attendent à y admirer de nombreuses œuvres ayant autrefois orné ces grands paquebots aujourd’hui disparus seront un peu déçus. On y voit, certes, des panneaux de laque de Dunand, un verre églomisé de Champigneulle sur un carton de Jean Dupas, ou un panneau à la technique complexe préparatoire à une œuvre en laque par Gaston Priou (ill. 1), mais l’essentiel est ailleurs. Il s’agit davantage d’une exposition sur la représentation des navires et des traversées de l’Atlantique, à travers essentiellement des affiches, des tableaux et des photographies, que d’une exposition sur leur décoration.

1. Gaston Priou (1881-1965)
Étude pour une œuvre décorative en laque d’un appartement
de grand luxe, paquebot Normandie, vers 1930
Enduit, ciment, peinture à l’eau, bronzine, contreplaqué - 155,5 x 225,5 cm
Saint-Nazaire, collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme-Écomusée
Photo : Didier Rykner

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Ceci posé, le visiteur apprendra beaucoup de choses. Et d’abord, peut-être d’ailleurs un peu en opposition au discours des commissaires, que la frontière entre l’Art déco et l’art dit « moderne » est particulièrement floue. En réalité, même Fernand Léger, dont un beau tableau Le Grand Remorqueur (ill. 2) est exposé, peut être aussi bien considéré comme une œuvre Art déco qu’une œuvre d’avant-garde. Ce que l’on voit sur les murs a encore moins de rapport avec l’abstraction qui est également invoquée. Tout est figuratif, presque tout est stylisé, et tout évoque les années 30, même lorsqu’il s’agit d’œuvres plus tardives des années 40. L’Art déco s’est poursuivi bien au-delà de ces dates et jusque dans les années 50, les artistes actifs dans les décennies précédentes continuaient de produire des œuvres relevant…