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Oudry/Oudrymania. Fables, chasses, combats
Chantilly, Musée Condé, du 8 juin au 6 octobre 2024.
Plus connu pour ses écuries - et ses singeries - que son chenil, Chantilly fut aussi un grand domaine de chasse et son Musée Condé se devait d’accueillir Jean-Baptiste Oudry, dont une partie essentielle de la carrière se déroula dans l’Oise où il dirigeait la manufacture de Beauvais tout en suivant les chasses en forêt de Compiègne. On découvre avec plaisir cet accrochage multi-thématique inexplicablement organisé en amont de l’exposition « Peintre de courre » prévue pour l’automne au château de Fontainebleau, alors qu’on aurait volontiers imaginé les deux coïncider. Il y a vingt ans, Chantilly avait su se coaliser avec le Musée de la Vénerie de Senlis pour « Chasse à courre, Chasse de cour. Fastes de la vénerie princière au temps des Condés et des Orléans (1659–1910) » dont cette exposition estivale est somme toute une héritière.
- 1. Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Étude de chien, vers 1730-1740
Pierre noire et craie blanche sur papier bleu - 23 x 35 cm
Paris, collection particulière
Photo : Guillaume Benoit - Voir l´image dans sa page
Son propos se veut cependant plus ouvert et si les chiens (ill. 1) ne sont jamais loin, le cœur de l’accrochage déployé dans le cadre si feutré des salles du cabinet d’arts graphiques aménagé dans les anciens appartements d’invités du duc d’Aumale est a priori moins sanglant puisqu’il s’agit de plonger dans l’exquis univers de la fable. Ne brûlons cependant pas les étapes : cette exposition Oudry est d’abord marquée par une heureuse et salutaire réunion de famille, celle du triptyque cynégétique qui fut commandé à Oudry en 1724 pour la salle des Gardes du château de Chantilly au cours du ministère du duc de Bourbon (ill. 2). Si le Mercure de France évoqua certes initialement quatre tableaux, seuls trois furent effectivement livrés et payés par les Bâtiments du roi en 1726. Ce - probable - détournement des deniers de la Couronne nous a laissé trois chefs-d’œuvre, hélas dispersés par les soubresauts de l’Histoire. Saisis durant la Révolution et envoyés au Louvre, ils furent curieusement séparés à la Restauration lorsque deux d’entre eux furent restitués au prince de Condé qui les plaça au Palais Bourbon, sa résidence parisienne, dont hérita aussi le duc d’Aumale.
- 2. Le triptyque cynégétique cantilien enfin reconstitué
Photo : Alexandre Lafore - Voir l´image dans sa page
La Chasse au renard et la Chasse au loup reprirent la route de Chantilly en 1843 mais la Chasse au chevreuil fut déposée au Musée des Beaux-Arts de Rouen en 1820 avant de faire l’objet d’un transfert de propriété en 2007. Son retour au château est donc une première mais son statut lui permet au moins de voyager et le tableau avait pu rejoindre la tournée internationale de l’exposition Oudry en 1983 et plus récemment la troupe des « Animaux du Roi » à Versailles (voir l’article). Quittant leurs cadres de l’antichambre des « Grands Appartements » de l’étage, les deux toiles conservées à Chantilly ont bénéficié…