Le comité artistique mis en place pour le remplacement des vitraux de Viollet-le-Duc a tranché. Et comme nous l’expliquions dans un article récent, il a tranché sans enthousiasme, car il n’y a eu aucune unanimité autour du projet lauréat, celui de Claire Tabouret (ill. 1). C’est en effet elle qu’ont finalement sélectionnée le président de la République et l’archevêque. Emmanuel Macron n’a donc pas osé imposer son préféré, Daniel Buren, qui avait été ajouté au choix initial du comité.
- 1. Seules images des vitraux présentées lors de la conférence de presse
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
- 2. Alfred Gérente (1821-1868)
sous la direction d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1869)
Vitrail de la chapelle Saint-Pierre, 1865, cinquièe chapelle du bas-côté droit (après restauration)
Paris, cathédrale Notre-Dame
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
Buren ou Tabouret, le scandale ne change pas. Comme nous l’avons à maintes reprise écrit ici, c’est le remplacement des vitraux classés, épargnés par l’incendie et restaurés avec l’argent des donateurs que nous combattons, pas l’artiste choisi pour le faire.
La réouverture de la cathédrale a montré à chacun (ceux qui ont pu la visiter dans la journée) que les vitraux de Viollet-le-Duc étaient beaux (ill. 2), en plus d’être protégés monument historique. Leur enlèvement est un scandale d’autant plus grand qu’il est coûteux. Nous avions dit que cela devait coûter entre 3 et 4 millions d’euros. Nous étions encore en dessous de l’estimation. Interrogé par un de nos confrères lors de la conférence de presse de présentation du projet, Philippe Jost, le président de l’établissement public « chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris » a confirmé que le coût de création des vitraux serait de 4 millions d’euros, chiffre qui ne comprend pas la dépose des vitraux existants. C’est donc plus de 4 million d’euros qui seront distraits du budget du ministère de la Culture pour vandaliser Notre-Dame. Ajoutons que ceci n’est en aucun cas une opération de « conservation et de restauration » de la cathédrale, et que Philippe Jost et l’établissement public outrepassent leur mission confiée par la loi.
Lors de la présentation, Claire Tabouret a affirmé vouloir « faire dans ses vitraux un hommage à Viollet-le-Duc ». Soit c’est de l’ironie, soit ça y ressemble. Celle qui accepte de remplacer ces vitraux, les condamnant à l’obscurité des caisses, prétend vouloir leur rendre hommage. On croit rêver.
Quant à prétendre que ces vitraux seraient exposés au Musée de l’Œuvre, ce qui serait une excessivement mauvaise idée et qui ne se fera évidemment pas comme nous l’avons déjà écrit, encore faudrait-il que ce musée se fasse. Or pour l’instant celui-ci est au point mort, et aucune décision n’est prise (nous en parlerons dans un prochain article). Bref, le président de la République persiste dans sa volonté de vandaliser Notre-Dame, mais hésite à créer le musée qu’elle mérite.
Comme Emmanuel Macron s’entête dans sa volonté, encouragé par une ministre de la Culture qu’on a connue mieux inspirée, cette affaire se poursuivra donc devant les tribunaux. Avec une seule interrogation : le concours est terminé, une artiste et un maître-verrier ont été désignés et vont commencer à travailler (six mois d’étude puis au moins un an de réalisation, ce qui nous amène au second semestre 2026), mais aucune autorisation formelle de travaux ne sera probablement donnée avant cette date. La question est : quelle décision peut-on attaquer ? S’il est impossible d’aller en justice avant que les vitraux ne soient réalisés, il est possible que le ministère de la Culture fasse fabriquer des vitraux à grand coût sans pouvoir les installer. Rien de grave, finalement, qu’est-ce que 4 millions d’euros ? En attendant, signez la pétition, et faites la signer.