- Musée du Louvre Abu Dhabi
© Jean Nouvel
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28/5/19 – Musée – Abu Dhabi, Louvre-Abu Dhabi – En janvier 2018, dans notre longue enquête consacrée à la gestion désastreuse du Musée du Louvre par son président-directeur Jean-Luc Martinez, nous révélions que l’article 14 de l’accord intergouvernemental de 2007 entre la France et Abu Dhabi, qui prévoyait que le Louvre bénéficierait d’un intéressement pour toute utilisation commerciale du nom Louvre, n’avait pas été appliqué. Le chiffre exact de cette redevance, au minimum 8 %, devait d’ailleurs être négocié pour chaque contrat, et rien ne pouvait se faire sans l’accord du Louvre.
Nous écrivions alors que la Cour des Comptes enquêtait sur cette affaire. Le 16 octobre 2018, dans un nouvel article, nous revenions en détail sur la non application de ce traité, qui se faisait au détriment d’un très fort manque à gagner pour le musée.
Nous savions que ce rapport de la Cour avait été publié sans avoir pu encore nous le procurer. Le Canard Enchaîné l’a eu en sa possession, et fait paraître demain un article où il confirme ce que nous écrivions il y a plus d’un an : le Louvre n’a rien touché sur aucune des opérations menées par Abu Dhabi en utilisant le nom du Louvre. Si le Louvre et Abu Dhabi ont enfin signé le contrat d’exécution de l’accord de 2007, ce n’est que le 8 novembre dernier (soit après la publication de nos deux articles), et ce contrat est très défavorable au Louvre (les 8 % minimum deviennent 8 % maximum). La Cour des Comptes écrit par ailleurs : « outre son caractère financièrement préjudiciable, l’accord de 2018 présente plusieurs irrégularités […] ce contrat, qui lèse manifestement les intérêts financiers du Louvre, n’a pas été soumis à l’approbation préalable du conseil d’administration ce qui constitue une irrégularité au regard des règles internes de l’établissement ».
Voilà la preuve que la réponse que nous avait faite le Louvre : « L’article 14 de l’accord intergouvernemental de 2007 est scrupuleusement appliqué depuis 10 ans » était un mensonge pur et simple, ce qui n’étonnera guère. Ce sont des millions d’euros que le Louvre a perdus du fait de cet accord non honoré. Et pendant ce temps là, le nombre de gardiens trop faible entraine « une dégradation sans précédent des conditions de visite et de travail » selon les syndicats qui ont exercé leur droit de retrait hier lundi 27 mai, ce qui a entrainé la fermeture du musée. Un musée décidément à la dérive, ce ne sont pas les lecteurs de La Tribune de l’Art qui en seront surpris.