- L’homme de l’année dans le domaine de l’art et de la culture au micro de France-Inter
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Dès le 19 avril, nous demandions que les œuvres de Notre-Dame soient exposées au public pendant les travaux (voir notre article). Plusieurs voix s’étaient jointes à la nôtre. Parallèlement, le projet de l’Hôtel-Dieu qui, contrairement aux promesses de l’AP-HP (voir la brève du 27/6/11) ne prévoit aucun lieu pour son musée mis en caisse, et bien entendu encore moins pour un nécessaire musée de l’Œuvre a été violemment critiqué, même par la maire de Paris qui l’avait pourtant soutenu.
Une seule solution devrait s’imposer au gouvernement et au ministère de la Culture, ainsi qu’à la Ville de Paris et à l’AP-HP : revoir entièrement l’affectation de l’Hôtel-Dieu pour y installer non seulement le Musée de l’Assistance Publique mais aussi un véritable musée de l’Œuvre qui aurait bien davantage vocation à se trouver dans cet édifice qu’une galerie commerciale. En attendant que ces projets soient mis en œuvre, l’Hôtel-Dieu pourrait, et devrait accueillir une exposition des principales œuvres de la cathédrale en attendant que celle-ci soit restaurée, ce qui comme chacun sait prendra plus de cinq ans.
Cette solution de bon sens permettrait d’admirer des tableaux, des sculptures et des objets d’art parfois difficiles à voir avant l’incendie dans des chapelles sombres et souvent inaccessibles. Elle aurait de plus un avantage évident : en attirant de manière certaine des dizaines de milliers de touristes, elle rendrait une vie à l’île de la Cité gravement sinistrée. On ne cesse de lire partout que les commerces et les restaurants sont proches de la faillite et ont dû licencier déjà des dizaines de salariés. Un musée temporaire de Notre-Dame, dans l’Hôtel-Dieu, serait un formidable atout pour attendre la fin des travaux, et compte tenu de son attraction serait probablement largement bénéficiaire économiquement.
Mais ce serait trop simple, et cela requerrait surtout une vision de la part du président de la République, du ministre de la Culture et du président du Louvre. Ce dernier a en effet déclaré fièrement ce matin sur France-Inter - on venait de le qualifier sans rire d’ « homme de l’année dans le domaine de l’art et de la culture » - que le Louvre avait un « un projet d’exposition, qui se tiendra sans doute un peu avant la réouverture de la cathédrale, à l’automne 2023 ». Le Louvre a en ce moment dans ses réserves une grande partie des œuvres de Notre-Dame, et son grand projet est de les présenter en 2023, dans quatre ans ! Il est vrai qu’il a dit aussi qu’il souhaitait « améliorer les conditions de visite en ouvrant plus de salles ». Belle idée, parfaitement contraire à ce qui se passe aujourd’hui quand on sait que jamais depuis au moins trente ans le musée n’avait connu de telles fermetures de salles (voir notre article).
L’homme de l’année dans le domaine de l’art et de la culture sait avoir des ambitions modestes.