Les étudiants de Grignon demandent le classement monument historique du domaine

1. Domaine de Grignon
Photo : Didier Rykner
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5/4/21 - Patrimoine - Domaine de Grignon - Parmi les six scandales que nous dénoncions (voir l’article) à propos de la vente du domaine national de Grignon (ill. 1) - sept si l’on y ajoute la composition du jury (voir l’article) - celui de la sous-protection entérinée par le ministère de la Culture n’est pas le plus mince. On se rappelle que lors de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture, ce classement avait été demandé notamment par Colette di Matteo, ancienne conservatrice des monuments historiques aujourd’hui à la retraite, qui représente dans cette instance l’association la Sauvegarde de l’Art français. On se rappelle aussi que le sous-directeur des monuments historiques, Emmanuel Étienne, avait osé affirmer que le classement n’était guère plus protecteur que l’inscription, ce qui est un mensonge (voir l’article).

Ce que nous n’avions pas saisi, c’est que lorsque ce dossier de Grignon a été abordé, le président de la Commission, qui était alors le sénateur Jean-Pierre Leleu - un vrai défenseur du patrimoine - n’était pas là et la présidence était assurée en son absence par Emmanuel Étienne. Plus grave encore : d’habitude, lorsque la commission examine des dossiers portant sur la vente du patrimoine de l’État, la question de la protection de celui-ci est posée et la proposition de classement est mise au vote. Cette fois, et en l’absence de Jean-Pierre Leleu, qui quittait d’ailleurs son poste (il a depuis été remplacé par Albéric de Montgolfier), cela n’a pas été le cas. Ajoutons que l’étude patrimoniale du domaine de Grignon, par la société GRAHAL, qui était pourtant très claire sur son intérêt patrimonial, architectural et historique majeur, n’avait pas été remise aux membres de la commission. S’arranger pour faire passer en force un dossier qui le dérangeait est un autre scandale dont s’est rendu coupable le ministère de la Culture.

Les élèves de Grignon, qui occupent actuellement le site, ont heureusement une conscience patrimoniale plus élevée que ces fonctionnaires du ministère qui n’ont rien à faire à un tel poste. Ils viennent donc d’adresser un courrier recommandé au nouveau directeur des Patrimoines, Jean-François Hébert, et au nouveau président de la CNPA, Albéric de Montgolfier, pour demander le classement du domaine de Grignon, un classement qu’il serait ahurissant de refuser sous un faux prétexte, en sachant fort bien que la véritable raison serait la crainte de faire baisser la valeur de l’ensemble pour un promoteur immobilier.


2. Décor du château de Saint-Marcel-des-Félines
Les décors du château de Grignon seraient d’une exécution moins
raffinée et en moins bon état, mais d’une grande rareté
Photo tirée du livre de Jean Feray
Architecture intérieure et décoration en France des origines à 1875
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Rappelons, ce que nous avions déjà écrit : Colette di Matteo avait pu voir dans le château, il y a longtemps, des « vestiges de décors peints du XVIIe siècle, qui constituent des trompe-l’œil semblables à ceux visibles dans le château de Saint-Marcel-de-Félines (Loire). » (ill. 2). Ces décors, aujourd’hui, sont invisibles. On espère qu’ils n’ont pas été détruits mais cela semble improbable. Ils sont sans doute cachés par des faux plafonds ou des cloisons. Même sans eux, le château mérite un classement. Ils viennent de lancer une pétition pour demander cette protection indispensable : vous pouvez la signer ici.

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