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- Colonnade de Perrault, lieu prévu pour l’entrée du Louvre dans le projet
Nouvelle Renaissance
Photo : Szilas (CC BY-SA 4.0) - Voir l´image dans sa page
Être Cassandre n’est jamais une position agréable. C’est pourtant, pour le Louvre, ce que nous avons été. Nous voulons parler, bien sûr, du projet « Nouvelle Renaissance du Louvre » imaginé par Laurence des Cars, qui a convaincu Emmanuel Macron d’en faire son grand projet de fin de mandat. Celui-ci voulait ainsi laisser sa trace dans l’Histoire, comme François Mitterrand l’a laissée avec le Grand Louvre.
Le Canard Enchaîné publie dans l’édition de ce jour un article intitulé : « Macron a fait la fortune des voleurs avec ses grands projets pour le musée ». Celui-ci confirme, avec des sources différentes des nôtres, ce que nous disons depuis dix jours : le projet Nouvelle Renaissance est la cause des retards pris dans la sécurisation du musée ; il n’en est pas la solution. Nous démontrions il y a quatre jours que ce projet, consistant à créer une entrée du côté de la Colonnade et des salles d’exposition souterraines, était la véritable priorité de Laurence des Cars, qui ne s’est jamais, en réalité, vraiment préoccupée de la sécurité contre le vol.
Dès le 27 janvier dernier, après la présentation d’Emmanuel Macron, nous avions pointé du doigt, dans cet article, les retards pris par le Louvre dans la maintenance (tous les domaines ou presque sont concernés), et nous nous demandions ce que la présidente avait fait depuis les trois ans et demi environ qu’elle dirigeait ce musée. Il est vrai que nous n’imaginions pas, alors, à quel point même la sécurité était défaillante.
Plusieurs élus de la Commission des affaires culturelles du Sénat ont visité hier le Louvre. Ils en sont ressortis inquiets : « Je pense que nous avons tous remarqué que le matériel de sécurité n’était pas adapté à un musée digne du XXIe siècle […] on ne peut pas qualifier les conditions de sécurité comme étant exemplaires […] Il est indispensable de réaliser enfin les travaux nécessaires » a commenté Laurent Lafont, le président de la Commission. Il a également ajouté : « C’est 80 millions d’euros, c’est une somme assez conséquente, il faut absolument que cet effort budgétaire soit réalisé dans les plus brefs délais. » Sur ce point, il faut évidemment préciser, une nouvelle fois, que le Louvre, qui par ailleurs, depuis l’arrivée de Laurence des Cars, a procédé à des travaux non essentiels et très coûteux (comme de refaire le département des Arts de l’Islam, qui date de moins de quinze ans), possède tout l’argent nécessaire, ayant reçu depuis 2022 notamment 265 millions d’euros d’Abou Dhabi.
La tribune publiée avant-hier par Le Monde, signée par 47 directeurs de musées, sonne ainsi comme une démarche terriblement corporatiste, sûrement d’ailleurs surtout due à la crainte de se fâcher avec ce musée. S’ils ont raison d’affirmer que « les musées ne sont ni des bastions ni des coffres-forts » - le risque zéro n’existe pas -, ils ont tort d’apporter ainsi leur soutien à Laurence des Cars dont la responsabilité est écrasante. Celle-ci ne porte d’ailleurs pas que sur la question de la sécurité contre le vol, comme nos nombreux articles récents le démontrent, et comme viendra manifestement le confirmer le rapport de la Cour des comptes, à paraître prochainement. On ne sauve pas le Titanic en conservant son capitaine.