Le projet d’un musée pour Notre-Dame dans les limbes

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Hôtel-Dieu, futur siège du Musée de l’Œuvre Notre-Dame si celui-ci est créé
Photo : Didier Rykner
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Le 8 décembre 2023, lors d’une visite à Notre-Dame, le président de la République annonçait une mauvais décision : le remplacement des vitraux, et une bonne : la création d’un Musée de l’Œuvre.
Plus d’un an après - mais quoi d’étonnant finalement - seule la première a avancé, même si l’association Sites & Monuments et La Tribune de l’Art mènen[t avec confiance le combat contre ce vandalisme à venir (voir les articles). En revanche, l’excellente idée du musée que nous appelions de nos vœux n’a pratiquement pas avancé et ni Emmanuel Macron ni le ministère de la Culture n’en parlent plus, au moins publiquement, comme s’ils avaient déjà enterré le projet, malgré le rapport rendu par Charles Personnaz en avril 2024.

Ce rapport n’a jamais été rendu public, ce qui est déjà inquiétant en soi. De sources internes au ministère de la Culture, nous avons néanmoins appris que la mairie de Paris ne veut pas que la transformation de l’Hôtel-Dieu, qui implique une modification du Plan Local d’Urbanisme, soit examinée et votée au Conseil de Paris car une majorité (l’opposition de droite, mais aussi les écologistes et les communistes) s’oppose à la transformation commerciale qui est prévue sur une partie du site.
Le code de l’Urbanisme prévoit une autre procédure pour modifier unilatéralement le PLU sans demander l’avis du Conseil municipal : une déclaration de projet accompagnée d’une enquête publique. Celle-ci aura lieu au printemps.

La mairie se fait ainsi l’alliée objective de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, une institution dont nous avons souvent dénoncé le peu d’intérêt qu’elle porte au patrimoine. Si l’APHP ne dit pas non à un musée, elle n’y consent que dans un endroit de l’Hôtel-Dieu, au nord-ouest du bâtiment, en face du marché aux fleurs, qui présente de nombreux défauts notamment l’éloignement du parvis et une surface insuffisante pour créer un musée digne de ce nom, capable de présenter toutes les œuvres identifiées et d’accueillir un public nombreux. Un projet presque pire que de ne rien faire, qui ne serait donc pas susceptible de mobiliser les mécènes potentiels nécessaires au financement.

Il y a deux jours, Le Figaro a publié une tribune pour attirer l’attention sur ce risque. Celle-ci est signée par de nombreux universitaires, français et étrangers (États-Unis, Royaume-Uni, Italie, Suisse...), qui s’inquiètent d’un abandon du projet. Comme le rappelle ce texte, « La Cour des Comptes, pourtant peu encline à encourager la dépense, avait déjà souligné dans son rapport de 2022 sur la restauration de Notre-Dame la nécessité d’envisager rapidement la création d’un musée à proximité de la cathédrale pour améliorer le confort de visite des touristes venus du monde entier ». Il souligne par ailleurs que « les collections à valoriser pour éclairer d’un jour nouveau cette histoire sont nombreuses et spectaculaires ». Nous ne pouvons que nous associer à ce texte.

Alors que le président de la République veut associer son nom à une soi-disant « Renaissance du Louvre » qui n’aboutira qu’à vandaliser ce musée et à maltraiter ses collections (voir notre article), celui-ci aurait au contraire tout intérêt, pour la postérité, à soutenir ce nouveau musée, nécessaire et utile, qui plus est infiniment moins coûteux. Il est encore temps de donner à Notre-Dame le musée qu’elle mérite.

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