Le petit patrimoine de Paris également maltraité par la municipalité

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21/7/14 - Patrimoine - Paris - Les monuments appartenant à la Ville de Paris sont tous logés à la même enseigne ou presque, qu’il s’agisse d’édifices de premier plan comme la plupart des églises ou du mobilier urbain ancien qui parsème encore nos rues. Pas de risque que les affreux mobiliers Decaux soient victimes de cet abandon.


1. La pergola métallique sur les Champs-Élysées
Vue Google Maps d’avril 2011
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2. La pergola métallique sur les Champs-Élysées
Vue Google Maps de février 2009
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C’est ainsi que sur les Champs-Élysées, non loin du théâtre du Rond-Point, existe une pergola métallique datant probablement de la fin du XIXe siècle, très élégante et d’un réel intérêt architectural. Or, celle-ci est en si piteux état qu’elle est entourée de barrières de chantier qui interdisent son approche. Cette situation existe au moins depuis avril 2011, comme on peut le voir sur Google Maps (ill. 1). La dernière prise de vue Google sans ces protections date de février 2009 [1] (ill. 2).
On pourrait croire que la Mairie de Paris se désintéresse de ce patrimoine puisqu’elle n’a pas trouvé le moyen de le restaurer en plus de trois ans !


3. La pergola métallique sur les Champs-Élysées
État actuel
Photo : Didier Rykner
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4. Panneau apposé sur la pergola métallique des Champs-Élysées
«Ici, nous protégeons une zone dangereuse»
État actuel
Photo : Didier Rykner
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Mais c’est compter sans l’incroyable toupet de cette municipalité qui trouve toujours le moyen de se faire valoir. Car que lit-on sur le panneau posé sur les barricades (ill. 3 et 4) ? Cette inscription sidérante à sa gloire : « Ici, nous protégeons une zone dangereuse » ! Quelle merveille que cette mairie qui protège ses administrés d’une zone dangereuse [2] qu’elle a elle même contribué à créer, faute d’entretien, et qu’elle maintient dans cet état depuis des années. Alors qu’une fois de plus la ville dépense 1,5 million d’euros dans l’opération Paris-Plages, elle n’a jamais d’argent pour restaurer son patrimoine.

5. Kiosque à musique de la place de la Nation
État actuel
Photo : Didier Rykner
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Mais cela vaut peut-être mieux. Car ce petit patrimoine de proximité, non protégé comme monument historique (on se demande pourquoi, une inscription s’imposerait), est en effet au moins autant menacé par les restaurations de la Ville que par son abandon. Un exemple en est offert par le kiosque à musique de la place de la Nation. Lui aussi est entouré de barrières, lui aussi est en mauvais état. Et que lit-on sur le panneau indiquant les travaux de « restauration » à venir (qui devaient débuter en juin et n’ont heureusement toujours pas commencé) : « Remplacement des poteaux en fonte, de la charpente et de la toiture en zinc, remise en état des maçonneries et du sol, mise aux normes des installations électriques ».

Il s’agit donc, ni plus ni moins, d’une destruction, suivie d’une reconstruction. Car qu’est-ce d’autre que ce kiosque sinon des poteaux en fonte, une charpente et une toiture en zinc ? Si ces travaux sont menés ainsi, nous n’aurons plus un mobilier original mais une vulgaire copie. Comment la Ville peut-elle justifier un traitement aussi drastique ? Nous ne le saurons pas : malgré un mail envoyé le 3 juillet 2014 au service de presse, doublé d’un rappel le 4 juillet 2014, nous n’avons reçu aucune réponse. Nous y sommes, il est vrai, habitué. La transparence de la Mairie de Paris est aussi grande que son amour du patrimoine. Quant à aller consulter la demande préalable de travaux n° DP 075.112.13.V0323, il ne faut pas non plus rêver : nous avons appelé aujourd’hui la sous-direction du permis de construire et du paysage de la rue [sic], à la direction de l’Urbanisme de la Ville de Paris : on nous a répondu qu’on nous « téléphonerait dans 8-10 jours », même après avoir précisé que nous en avions besoin pour écrire un article ! Huit à dix jours (au mieux) pour retrouver un dossier d’urbanisme. Bel exemple de l’efficacité de l’administration municipale [3].

Didier Rykner

Footnotes

[1On ne dira jamais l’importance de cet outil qui désormais permet de remonter dans le temps au moins jusqu’à avril 2008.

[2Signalons d’ailleurs que le français de la Ville de Paris est plus qu’approximatif : on protège quelqu’un «de» quelque chose. On ne protège pas «une zone dangereuse», mais «d’une zone dangereuse». À moins que la municipalité ne veuille à tout prix maintenir cette zone dangereuse, auquel cas elle la protège en ne restaurant pas la pergola...

[3Le dossier a été validé par l’ABF. Mais celui-ci a depuis été remplacé, et la personne aujourd’hui en poste, Christelle Dupas, qui nous a très aimablement renseigné, ne pouvait pas nous répondre sur le fond, nous engageant à consulter le dossier… à la direction de l’Urbanisme de la Ville de Paris.

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