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Le Getty achète un autoportrait d’Elena Luksch-Makowsky
27/3/24 - Acquisition - Los Angeles, The J. Paul Getty Museum - La peur de délaisser son art pour assumer son rôle d’épouse et de mère se devine dans l’œuvre d’Elena Makowsky-Luksch tout au long de sa carrière. Après avoir longuement hésité, elle finit par se marier avec le sculpteur viennois Richard Luksch en 1900, mais exigea de lui une promesse écrite : il s’engageait à ce que, une fois mariés, ils continuassent à travailler tous les deux en tant qu’artistes sur un pied d’égalité, et acceptait qu’elle se rendît en Russie pour voir sa famille quand elle le voudrait.
- 1. Elena Luksch-Makowsky (1878-1967)
Autoportrait enceinte, 1901
Gouache et crayon - 54,5 x 35,1 cm
Los Angeles, The J. Paul Getty Museum
Photo : Colnaghi Elliott Fine Art Master Drawings - Voir l´image dans sa page
En 1901, elle se représenta enceinte de son premier enfant. Cet autoportrait a été acheté par le Getty Museum auprès de Colnaghi Elliott Master Drawings (ill. 1) . Elena Makowsky-Luksch se tient debout de profil dans une ample robe qui laisse deviner sa grossesse. Elle fixe le spectateur - ou son reflet dans un miroir ? - avec un regard de défi, son carnet de croquis dans la main, mais elle tourne le dos à une grande toile qui sort du cadre. Elle conçut aussi un autoportrait en céramique, directement lié à cette peinture, dans lequel elle adopte la même posture et les mêmes vêtements, mais élimine le carnet (ill. 2). En 1902 elle se représenta avec son nouveau-né. Elle apparaît voilée, dans l’ombre à l’arrière-plan, et brandit devant elle sont fils Peter à moitié nu (ill. 3). Le thème rappelle évidemment celui de la Vierge à l’enfant, mais le titre de l’œuvre, Ver Sacrum, renvoie à une expression latine que l’on trouve chez Tite-Live et qui signifie « printemps sacré » ; elle fait référence à un rite antique des peuples italiques qui, pour conjurer une calamité et adoucir les dieux, leur consacraient les enfants nés au printemps. Ceux-ci étaient élevés en…