- 1. Louis Rochet (1813-1878)
Monument de Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais
Bronze, socle en pierre
Saint-Denis de la Réunion, place La Bourdonnais
Photo : Thierry Caro (CC BY-SA 3.0) - Voir l´image dans sa page
17/10/23 - Patrimoine - La Réunion - Nous parlions le 6 mai dernier (voir cet article) des menaces de déboulonnage qui pesaient sur la statue en bronze de La Bourdonnais, sculptée par Louis Rochet, et inscrite monument historique. Celles-ci se font de plus en plus pressantes, tous les obstacles à ce crime patrimonial étant quasiment levés.
On se souvient en effet que la Région, hostile a priori à cette entreprise, avait suspendu la subvention de 2,9 millions qu’elle proposait pour la réhabilitation de la place. Elle a finalement accordé cet argent à la seule condition qu’il ne soit pas utilisée pour payer le déplacement de la sculpture. Une décision à la Ponce Pilate peu glorieuse, car la maire de La Réunion Ericka Bareigts, bien décidée à se débarrasser de l’œuvre, le fera financer par la Ville.
Le préfet Jérôme Filipinni, on l’a déjà vu, est d’accord avec elle. Il représente pourtant l’État français, donc le gouvernement d’Emmanuel Macron, ce dernier ayant affirmé comme nous le rappelions dans notre premier article qu’aucune sculpture ne serait déboulonnée ! Le terme semble d’ailleurs faire peur et ne pas être assumé par la plupart des acteurs du dossier. La maire l’avait pourtant employé clairement. Car il s’agit d’un déboulonnage et de rien d’autre : le déplacement d’une sculpture parce que le personnage représenté ne plait pas à certains.
Quant à la directrice des affaires culturelles de la Réunion, Marie Jo Lo Thong, selon nos informations, elle s’est emparée personnellement du dossier, et la maire traite directement avec elle, la Conservation régionale des monuments historiques étant désormais hors circuit, ce qui est totalement anormal.
La demande de permis de construire est donc déposée et en cours d’instruction, mais tous les protagonistes dans cette affaire sont parfaitement en phase : la maire, la directrice des affaires culturelles et le préfet. Celui-ci a d’ailleurs autorisé le 11 octobre un « test de soulèvement » sur la sculpture !
Quant au ministère de la Culture à Paris, il semble tétanisé par cette affaire, et nous n’avons pas pu obtenir d’information de sa part, alors que l’Élysée, également contacté, ne nous a pas non plus répondu. Tout semble prêt pour qu’une sculpture publique - qui plus est protégée monument historique - soit déboulonnée et déplacée avec son socle (et les risques que cela lui fait courir) pour être installé non pas dans un lieu public, mais dans une enceinte militaire non accessible aux visiteurs.
L’association des Amis de La Bourdonnais qui milite activement contre cette action indigne a reçu un courrier du commandant supérieur des Forces armées dans la zone sud de l’Océan Indien, le général Giraud, nouvellement nommé. Elle estime que celui-ci, qui n’est responsable en rien de cette affaire, fait preuve d’une bonne volonté évidente. Il souhaite notamment installer le monument à un emplacement qui le mettrait en valeur et envisage de lui donner accès ponctuellement, notamment à l’occasion des Journées du patrimoine. Il reste que la place dont la sculpture est un élément essentiel serait définitivement dénaturée et que l’œuvre ne serait plus visible en permanence comme c’est le cas aujourd’hui (on ne visite pas forcément la Réunion pendant les Journées du patrimoine) et qu’il s’agit donc bel et bien d’un déboulonnage.
Si ce monument devait disparaître de l’espace public, il s’agirait d’une première : la suppression officielle d’un monument par la France pour satisfaire le wokisme ambiant. Demain, à qui le tour donc ? On sait que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Nous avions eu la faiblesse de croire à celle du président Emmanuel Macron. Il a encore le loisir de tenir sa parole.