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La parité dans la peinture
Peu de semaines, voire peu de jours passent sans que l’on apprenne l’acquisition par un musée, notamment un musée américain, d’une œuvre d’artiste femme. Redisons à quel point cette politique d’acquisition a un côté absurde (voir aussi cet article). Car si les femmes ont effectivement été pendant des siècles injustement tenues à l’écart du métier d’artiste pour des raisons sans rapport avec leur talent potentiel, il n’en va évidemment plus de même aujourd’hui, et il est impossible de revenir sur un déséquilibre passé : l’essentiel de la production artistique jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, et même jusqu’au XIXe malgré des progrès dans la mixité à partir de la fin du XVIIIe, est due à des hommes. C’est un fait historique qu’il est impossible de corriger, malgré des articles grotesques comme celui-ci qui se plaint que le Louvre ne conserve « que trente peintures de femmes artistes dans ses collections », ce qui est par ailleurs un gros mensonge puisqu’à elle trois, Élisabeth Vigée-Le Brun, Anne Vallayer-Coster et Marguerite Gérard en comptent déjà plus de trente !
- 1. Judith Leyster (1609-1660)
Jeune Garçon tenant une grappe de raisin et un chapeau
Huile sur panneau - 25,4 x 21 cm
Manchester (New Hampshire), Currier Museum of Art
Photo : Currier Museum of Art - See the image in its page
Et on ne le corrigera pas en privilégiant les achats d’œuvres de femmes sans se préoccuper avant tout de la qualité. Car contrairement à ce que pensent certains, les collections des musées ne sont pas sous-représentées en œuvres d’artistes femmes. Elles reflètent simplement le très faible pourcentage de leur production. Jamais un conservateur - en tout cas depuis le XXe siècle - ne s’est dit : je ne vais pas acheter d’œuvre d’une femme. Celles de Lavinia Fontana, Judith Leyster, Elisabetta Sirani, Élisabeth Vigée-Lebrun, Berthe Morisot, et de toutes leurs consœurs ont été collectionnées et achetées, au même titre que celles de Prospero Fontana (le père), Jan…