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La Comédie-Française s’expose au Petit Palais
Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, du 13 octobre 2011 au 15 janvier 2012.
Se délocalisant pour trois mois sous les hautes voûtes du Petit Palais, la Comédie-Française et sa Bibliothèque-Musée proposent une superbe exposition, judicieusement et efficacement « mise en scène », occasion rare de découvrir, par-delà les bustes du foyer public, les nombreuses toiles qui ornent les murs des coulisses du théâtre et les loges des comédiens de la troupe. Parcours chronologique en « cinq actes », conduisant du bouillonnement anarchique des théâtres parisiens au XVIIe siècle aux mises en scène d’aujourd’hui en passant par l’essentiel « moment Molière », les grandes figures de la troupe et leurs auteurs fétiches, le rituel de la « lecture » devant le Comité…, autant de jalons qui ont imprimé et impriment encore aujourd’hui leur marque dans la vie de cette troupe créée par la volonté de Louis XIV par une lettre de cachet de 1680 [1], réorganisée par un décret de Napoléon Ier de 1812 [2] après qu’elle se fut dissoute en 1793 lors de la tourmente révolutionnaire, puis placée par le Prince-Président Louis Napoléon sous l’autorité administrative et financière d’un Administrateur sous tutelle du… Ministre de l’Intérieur, jusqu’à ce qu’un décret de 1995 transforme la Comédie-Française en un EPIC (Etablissement public à vocation industrielle et commerciale) désormais entrée dans le giron du Ministère de la Culture. Vie passablement troublée, donc, mais qui étale au fil de toiles et marbres, costumes et maquettes, la permanence d’une passion : le théâtre.
- 1. Anonyme
Les Farceurs français et italiens depuis
60 ans et plus peints en 1670, 1670
huile sur toile - 96 x 138 cm
Paris, Comédie Française
Photo : Patrick Lorette - Voir l´image dans sa page
Entrons donc dans cette utopie théâtrale unique qu’est la Comédie-Française. Un bref « Prologue », mettant en face à face une maquette en volume du bâtiment de la salle Richelieu et une série de masques – pour la plupart empruntés à ceux créés pour la mise en scène des Fables de La Fontaine par Robert Wilson (2004) –, introduit, après le passage d’un écran qu’anime la figure en ombre chinoise du Pantaleone, à l’« Acte premier » de la visite consacré à la situation des troupes parisiennes dans la première moitié du XVIIe siècle : cette ouverture du parcours par un personnage de la commedia dell’arte est un hommage à ces Comédiens-Italiens qui, appelés en France par Henri III (les Gelosi [3], représentés ici par deux petites peintures sur cuivre d’un anonyme de la fin du XVIes.), tournent à travers le pays avant de se fixer à Paris dans la salle du Petit-Bourbon qu’ils vont partager à partir de 1658 avec l’Illustre Théâtre de Molière devenu désormais la « Troupe de Monsieur [4] » et dont une célèbre toile anonyme, Farceurs français et italiens (ill. 1), mêlant les uns et les autres, conserve une mémoire plus artificielle que réelle puisque qu’y figurent, à côté de grands types de l’arte, outre Molière (à l’extrême gauche) d’illustres ancêtres tels Turlupin, Gros-Guillaume ou…