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La collection de peintures de l’impératrice Joséphine
Auteur : Alain Pougetoux
Quoi de plus propice aux fantasmes et aux spéculations qu’une collection prestigieuse, liée à l’Histoire, éphémère et dispersée à jamais ? Le livre d’Alain Pougetoux consacré à la collection de peintures de Joséphine à la Malmaison permet de faire la synthèse des nombreuses recherches sur ce sujet publiées depuis un demi-siècle et de découvrir un ensemble de tableaux digne des plus grands musées, avec un goût moins conventionnel qu’on ne l’imagine. Ce n’est pas le moindre mérite de la longue introduction que de démontrer comment Joséphine s’est personnellement impliquée dans la sélection de tout ce qui lui était proposé, de souligner, au-delà d’une réputation de dépensière frivole, que celle-ci aimait réellement la peinture, négociait avec les artistes et connaissait les mêmes affres et les mêmes doutes face à une oeuvre convoitée que la plupart des autres collectionneurs, les problèmes financiers en moins. L’étude, basée sur les divers inventaires édités ou manuscrits, émaillée d’anecdotes plaisantes, s’intéresse aussi aux rapports avec ses conseillers, aux problèmes de conservation et d’accrochage, aux tableaux de l’appartement des Tuileries ou des autres palais et à la dispersion de la collection. Contrairement à l’habitude, Joséphine n’a pas puisé dans les collections publiques et n’a bénéficié qu’une seule fois, par hasard, des prises de guerres (en l’occurrence d’une partie de la galerie du Margrave de Cassel). La collection n’était pas figée car si l’Impératrice achetait régulièrement des toiles, elle en distribuait beaucoup, notamment à son fils Eugène de Beauharnais passionné lui aussi, ou en déposait momentanément ailleurs. Elle se fournissait auprès des marchands, en vente publique ou directement auprès des artistes qu’elle aimait régler elle-même en espèces, ce qui est assez rare pour être souligné lorsque l’on se rappelle des délais de paiement demandés par l’Administration, sous l’Ancien Régime et aux autres époques.
C’est bien là l’originalité de…