La caserne Gudin classée d’office

21/7/22 - Patrimoine - Montargis, caserne Gudin - En matière de protection du patrimoine, il n’y a que les actions qui comptent. Et la nouvelle ministre Rima Abdul-Malak vient d’en faire une qui vient compléter le dispositif en trois temps qui permet, il faut l’espérer, la conservation définitive de la caserne Gudin de Montargis (ill. 1). Après l’instance de classement, puis l’inscription, celle-ci bénéficie désormais d’un classement [1], protection la plus haute qu’on puisse lui accorder, et ceci contre l’avis de son propriétaire puisqu’il s’agit d’un classement d’office. Le décret vient d’être publié au Journal Officiel et signé à la fois par la ministre de la Culture et par le Premier ministre Élisabeth Borne.


Caserne Gudin
Carte postale ancienne
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Rappelons que cette caserne devait être détruite par le promoteur Nexity à qui l’Agglomération Montargoise l’avait vendue [2], pour y réaliser une opération immobilière. L’instance de classement et l’inscription, rares décisions courageuses de Roselyne Bachelot, avait fortement contrarié l’Agglomération et la ville de Montargis. Quant au préfet du Centre Val-de-Loire, Régine Engström elle fait l’objet d’une enquête pour prise illégale d’intérêts ; début avril une perquisition de la préfecture a même été menée dans le cadre d’une enquête préliminaire du parquet national financier.

Même si ce contexte rend sans doute plus facile le classement d’office, remarquons qu’il s’agit d’une décision forte. Comme le remarquait la Cour des Comptes dans le rapport que nous avons analysé ici, cette procédure est rarement mise en œuvre. On ne peut donc que se réjouir de cette nouvelle qui semble assurer désormais la préservation de la caserne.
Ce coup d’éclat restera-t-il isolé, ou allons-nous assister, enfin, au réveil du ministère de la Culture ? Nous avons remarqué que beaucoup des nouveaux nommés à cette fonction marquent leur arrivée par un acte fort. Même Renaud Donnedieu de Vabres (qui restera comme l’un des plus mauvais ministres dans une liste où les candidats se bousculent) avait ainsi sauvé la gare du Sud de Nice que la ville voulait détruire (voir la brève du 6/8/04).


2. Carrières de Meudon
Galerie bientôt comblée
Photo : Nicolas Dudot
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Nous nous permettons ainsi de suggérer à Rima Abdul-Malak une autre action, d’utilité publique, qui viendrait renforcer la bonne impression qu’elle nous a donnée jusqu’à présent (notamment dans les nominations de ses conseillers) : poser une instance de classement - d’une durée d’un an - sur les carrières de Meudon (ill. 2) dont le ministère est en partie propriétaire. Cela permettrait de donner le temps à tous les acteurs de cette triste comédie de revoir leur copie, d’étudier soigneusement les alternatives au comblement et de créer un grand projet de mise en valeur de ces carrières, qui pourrait être élaboré en lien avec le Musée Rodin dont les ateliers se trouvent juste au-dessus. Pourquoi ne pas écouter les associations et les experts qui, dans leur grande majorité, affirment que la solution mise en œuvre par la mairie de Meudon est inutile et destructrice du patrimoine ? Il est impossible que le ministère de la Culture se fasse duper par les arguments erronés de cette dernière. Le courage ne s’use que quand on ne s’en sert pas : le ministère de la Culture doit sauver les carrières de Meudon.

Didier Rykner

Notes

[1Sont protégés désormais : les façades et les toitures des trois bâtiments entourant la place d’armes et des deux pavillons d’entrée, la place d’armes, la grille et le portail d’entrée ouvrant sur la rue Coquillet.

[2Sous réserve que les travaux soient autorisés : le décret indique que le propriétaire est toujours l’Agglomération.

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