La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci bientôt envoyée à Abou-Dhabi

Voir l´image dans sa page

3/2/14 - Location d’œuvre - Louvre Abou-Dhabi - La liste est pour l’instant confidentielle et sera communiquée par les émiriens [1] mais nous pouvons d’ores et déjà révéler que La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci sera envoyée par le Louvre à Abou-Dhabi pour l’ouverture de son antenne.

Une fois de plus, il faut dénoncer ici cette manie des musées français de louer certains des plus grands chefs-d’œuvre, en ne prenant pas en compte leur fragilité ni les risques qu’on leur fait courir, et qui plus est sans aucun intérêt scientifique. La Belle Ferronnière est un des tableaux les plus importants du Louvre que les visiteurs du monde entier viennent voir. Elle partira donc pendant au moins un an du Louvre à partir de novembre 2015 [2], affaiblissant encore ses collections déjà privées de beaucoup d’œuvres importantes par Lens. Ce tableau n’a récemment été prêté qu’une seule fois, à la National Gallery de Londres en 2011 pour une rétrospective, consacrée à l’artiste, qui avait une véritable raison d’être. Elle avait failli être louée une première fois à Vérone mais l’article que nous avions publié avait abouti in fine à l’annulation de cette exposition-location à une société privée. Il est hélas peu probable qu’il en aille de même cette fois...
Nous avons à plusieurs reprises convenu que le contrat avec Abou-Dhabi étant signé, il était normal de le respecter. Cela n’oblige nullement le musée à envoyer des tableaux aussi fragiles et aussi précieux. Nous avons signalé dans un autre article récent l’envoi du Fifre de Manet par Orsay qui n’est pas moins scandaleux.

On conclura cette brève en rappelant que le Louvre vient d’annoncer que La Belle Ferronnière serait bientôt restaurée. Vincent Pomarède nous a indiqué qu’il s’agissait de « faire une intervention très simple en amincissant les vernis les plus récents, afin de redonner de la profondeur au tableau et de rétablir l’équilibre des couleurs ».
Si nous ne faisons pas partie de ceux qui pensent que la Sainte Anne et la Vierge ait été abîmée par sa récente restauration, nous avouons avoir du mal comprendre ce qui motive ces allègements de vernis de La Belle Ferronnière, un tableau en bon état et qui ne comporte pas de taches comme la Sainte Anne. Nous ne sommes pas opposé systématiquement aux restaurations, mais dans un tel domaine, et pour des œuvres aussi fragiles, la prudence est de mise. La concomitance des deux événements (sa restauration et son envoi à Abou Dhabi) laisse une curieuse impression, même si Vincent Pomarède nous assure que les deux décisions n’ont aucun rapport et qu’il réfléchit à cette intervention depuis 2008 et « le début de [ses] travaux avec les chercheurs réunis pour les journées d’études Léonard ».

English version

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.