L’un est en pleine campagne, en Provence, l’autre à Paris. Mais les menaces auxquelles doivent faire face les abords du château de La Barben et le Champ-de-Mars, tous deux aux abords de monument historiques (et pour une part classés), sont assez comparables.
Ces espaces naturels sont menacés par ce que Philippe Muray appelait l’« homo festives ». La fête permanente aux dépends de la beauté, de l’histoire et de la culture.
- 1. L’ancien potager, transformé en champ de foire au château de La Barben,
état le 25 août 2021
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
- 2. Grand Palais éphémère sur le
Champ-de-Mars, état le 29 août 2023
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
À la Barben, c’est une société privée qui installe un parc d’attraction, au mépris de toutes les protections théoriquement assurées par la loi : protection de l’environnement, protection du patrimoine, protection contre les incendies.
Au Champ-de-Mars, c’est la Ville de Paris qui organise des « événements » successifs et incessants, sportifs ou musicaux, qui ravagent les lieux, années après années, mois après mois, semaines après semaines, sans que rien ne semble devoir s’y opposer.
À la Barben, lieu privé, l’État est schizophrène : d’un côté il vient soutenir l’insoutenable, par l’intermédiaire de son ministre délégué au tourisme qui assiste à l’inauguration ou d’un préfet qui agit contre ses propres services et contre l’intérêt général, de l’autre il s’oppose à ces multiples illégalités en dressant, via les services de la DRAC notamment, des procès-verbaux qui donnent lieu à des procès.
Au Champ-de-Mars, lieu public, l’État n’est même pas schizophrène : il soutient l’insoutenable, sans jamais tenir compte des protections patrimoniales. Laissant la mairie de Paris agir à sa guise et vandaliser en permanence le jardin, il reste muet ou presque devant la volonté de la société GL Event de pérenniser le Grand Palais éphémère qui n’aurait d’ailleurs jamais dû être autorisé à s’installer à quelques mètres d’un des monuments historiques parisiens les plus insignes, l’École Militaire de Gabriel. Certes, la ministre de la Culture Rachida Dati, également maire du VIIe arrondissement s’est dite opposée formellement à son maintien. Mais, expédiant désormais les affaires courantes, elle semble plus intéressée aujourd’hui par le remplacement des vitraux de Viollet-le-Duc à Notre-Dame que par la défense du Champ-de-Mars.
À la Barben comme au Champ-de-Mars, à la campagne comme à la ville, contre le privé et contre le public, ce sont les associations de protection du patrimoine et de l’environnement qui se battent en se substituant à l’État qui n’a plus rien d’un État de droit. Comme d’habitude.
Jusqu’à quand ?