Les musées et les monuments historiques - pour ne pas parler des cinémas, des théâtres et des salles de spectacle qui sortent de notre champ - sont donc fermés depuis le 29 octobre 2020, et ne pourront pas rouvrir, dans le meilleur des cas, avant le 7 janvier 2021.
Nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire (voir l’article) : rien, aucune étude, aucune statistique, aucun témoignage n’a jamais rapporté de foyers épidémiques dans un musée ou un monument historique. Et pour cause : non seulement les jauges y sont réduites et le masque obligatoire, mais le nombre de visiteurs est faible de facto, beaucoup craignant de s’y rendre, et les touristes étant absents. Leur ouverture permettrait au moins à ceux qui habitent à proximité de ces lieux de culture de les visiter, sans risque, ou au moins sans grand risque, et certainement pas celui de provoquer une hécatombe ou l’engorgement des hôpitaux.
Prétendre, comme le font les politiques à qui on objecte cette absence de danger, que cette mesure vise à éviter que les visiteurs submergent les transports où ils pourraient se contaminer est une plaisanterie. Il ne s’agirait que d’une goutte d’eau parmi tous les déplacements actuels effectués pour le travail, ou pour les courses de fin d’année. Il faut vraiment ne jamais prendre le métro ou le bus, ni fréquenter les musées - il faut donc être un ministre - pour imaginer que ce sont les amateurs d’art qui engorgeraient un réseau déjà souvent bondé. L’exemple de l’inauguration de la ligne 14, aujourd’hui même, est édifiant : on ne peut pas visiter les musées, mais on peut encourager les voyageurs à s’entasser dans une nouvelle ligne de transport (voir le tweet ci-dessous).
Pour se consoler de l'impossibilité de visiter leur musée préféré en raison de la décision du @gouvernementFR, de nombreux franciliens se précipitent vers la @Ligne14_RATP avec la bénédiction du même gouvernement... https://t.co/Bp8hqOQ2yB
— Benjamin Randow (@benjaminrandow) December 14, 2020
Si les musées nationaux ou dépendant de collectivités territoriales se sortiront certainement sans trop de dommages de cette situation, les risques sont bien plus importants pour les monuments privés, qui n’ont jamais aussi bien porté leur nom : privés de visiteurs, privés de ressources, ils sont désormais également privés de perspectives et risquent bien pour certains de mettre la clé sous la porte.
C’est donc ainsi que le gouvernement d’Emmanuel Macron et de Jean Castex considère ce que l’on appelle « l’exception culturelle française ». Leur exception culturelle, c’est de fermer les musées et les monuments historiques, sans aucune justification sanitaire sérieuse. Quant à l’argument maintes fois entendu de « toute l’Europe fait pareil », il est tout simplement mensonger.
Nous avons en effet vérifié dans quels pays européens les musées sont ouverts ou fermés. Et le constat est imparable : dans beaucoup de grands pays européens, les musées ont été beaucoup mieux traités qu’en France. Aujourd’hui 14 décembre, les musées sont donc ouverts [1] en Autriche, en Croatie, en Espagne, en Irlande, au Luxembourg, au Pays-Bas, au Portugal, en Roumanie, en Suède, en République tchèque et en Suisse. En revanche, l’Allemagne, l’Italie et la Hongrie ont fermé leurs musées à peu près comme la France. Pas de chance : ce sont pour l’essentiel ceux qui sont les plus touchés par la seconde vague s’il faut en croire cet article.
Parmi les autres musées européens dont les musées sont fermés, on compte la Grèce, la Norvège, les pays baltes et le Danemark, qui n’a d’ailleurs fermé que le 9 décembre (et qui rouvrira le 4 janvier)…
L’incertitude concernant la date de réouverture [2] accentue encore le chaos et rend de plus en plus difficile le prolongement ou le report des expositions. C’est ainsi qu’on vient d’apprendre du Musée d’Orsay que les rétrospectives Aubrey Beardsley et Léon Spilliaert ne rouvriraient pas.
Nous aurions certainement pu écrire la même chose pour les théâtres et les cinémas. La culture en France n’est plus une priorité, ce n’est plus une exception. C’est une variable d’ajustement pour faire croire que des événements qui nous dépassent sont bien organisés. C’est ainsi : l’arrivée au pouvoir d’hommes politiques de plus en plus incultes (et bien entendu, LREM n’est pas la seule visée) ne peut qu’aboutir au sacrifice de la culture et de l’éducation.