Contenu abonnés
L’étrange Monsieur Merson
Rennes, musée des Beaux-Arts, du 10 décembre 2008 au 22 mars 2009.
Cet article est actuellement réservé aux abonnés.
- 1. Luc-Olivier Merson (1846-1920)
L’Annonciation, 1908
Huile sur toile - 55 x 46,5 cm
Cherbourg, Musée d’Art Thomas-Henry
Photo : Musée Thomas-Henry / Giraudon - Voir l´image dans sa page
Etrange, Luc-Olivier Merson l’est, assurément. Et cette rétrospective courageuse et réussie le démontre amplement. Elle prouve, une fois encore, que les qualificatifs appliqués à une partie de la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle ne sont qu’une manière très pauvre de décrire une réalité extrêmement complexe. Académique ? Pompier ? L’art de Merson ne peut pas se décrire ainsi. Car qu’y a t’il de moins académique que la propension qu’aura l’artiste, dès ses débuts, à choisir des sujets rares, des iconographies inédites parfois tout droit sorties de son imagination ? Qu’y a-t-il de moins pompier que ses représentations de la vie de la Vierge qui semblent se dérouler dans la campagne bretonne (ill. 1) ?
Cette exposition, dont on regrettera qu’elle ne connaisse pas au moins une seconde étape, est remarquablement présentée, selon un déroulé chronologique qui ne laisse de côté aucune des compositions les plus importantes.
Dès ses débuts, Merson se montre original, voire inquiétant. Si son prix de Rome, obtenu en 1869, reproduit sans surprise le sujet qui lui était imposé, on discerne déjà dans une toile peinte un an plus tôt, Apollon exterminateur (Castres, musée Goya), les recherches du peintre pour traiter des sujets inhabituels. Cet Apollon androgyne et décadent, qui regarde d’un air machiavélique les Grecs qu’il vient de frapper de la peste et qui brûlent les corps sur des bûchers, crée un véritable malaise chez le spectateur.
- 2. Luc-Olivier Merson (1846-1920)
Vision, légende du XIVe siècle, 1872
Huile sur toile - 290 x 344 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN / Philipp Bernard - Voir l´image dans sa page