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Jean Jacques Lequeu (1757-1826). Bâtisseur de fantasmes
Paris, Petit Palais, du 11 décembre 2018 au 31 mars 2019
- 1. Jean-Jacques Lequeu (1757-1826)
L’Île d’amour et repos de pêche
Plume, lavis, aquarelle - 44,1 x 30,4 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie
Photo : BnF - Voir l´image dans sa page
Le plus étonnant c’est que la Bibliothèque royale de France ait accepté le don de 800 dessins d’un artiste inconnu. Était-ce un artiste d’ailleurs ? Ni peintre, ni architecte, il se présentait comme un architecte-dessinateur. Il mit sa rigueur au service de sa fantaisie, imaginant, avec un goût particulier pour les précisions techniques, des palais, des temples, des grottes, des souterrains, des machines, des ornements… Il conçut des projets pour des chantiers qui ne virent pas le jour, ou se laissa aller à des inventions pures, destinées à rester chimériques. Maîtrisant parfaitement la plume, le lavis et l’aquarelle, il décrit avec la même minutie une Île de l’Amour (ill. 1 ) et des lieux d’aisance pour l’hôtel de Montholon (ill. 2), un temple du Silence et une chaire pour l’église Saint-Sulpice à Paris, un pont dans le goût égyptien, un souterrain pour une maison gothique, ou encore des pistons de pompes pour un puisard...
Jean-Jacques Lequeu offrit donc en 1825, un an avant sa mort, un ensemble hétéroclite de plus de 800 dessins, complété de quelques manuscrits, lettres et notes. Il les donnait à une institution à défaut d’avoir réussi à les vendre. Outre les dessins d’architecture qui constituent le groupe le plus important, on trouve aussi des portraits et des têtes d’expression, - un homme qui fait la moue, un autre qui bâille à s’en décrocher la mâchoire (ill. 3) - , des nus également, suggestifs, provocants (ill. 4), et des descriptions anatomiques de sexes, aussi bien féminins que masculins.
Et la Bibliothèque royale, ancêtre de la BnF accepta le lot, envoyant tout de même en « enfer [1] » les dessins érotiques.