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Jean-Baptiste Oudry, peintre de courre
Château de Fontainebleau, du 13 octobre 2024 au 27 janvier 2025
Enchâssés dans les boiseries bellifontaines depuis le règne de Charles X, les cartons de la Tenture des Chasses royales ne sont hélas [1] pas les trésors les mieux connus de la « maison des siècles » puisque l’appartement auquel ils ont donné leur nom a l’inconvénient d’être situé en cul-de-sac dans le parcours de visite et reste donc très souvent fermé au public. Au contraire de la galerie de meubles qui semble vouée à un oubli définitif comme de la galerie de peintures qui ne s’anime guère qu’une fois par an, l’appartement des Chasses fut récemment le théâtre d’un très spectaculaire chantier de restauration (voir l’article) que vient saluer cette exposition fort réussie. Si les plus blasés y sont peut-être allés en traînant des pieds et habités du souvenirs d’une première exposition intitulée « Animaux d’Oudry » qui a pourtant - déjà - vingt ans, parions que les visiteurs ressortent séduits devant les résultats inespérés d’une telle opération qui devenait sérieusement nécessaire. Soucieux de rendre la balade aussi instructive que plaisante, les conservateurs Oriane Beaufils et Vincent Cochet ont conçu un parcours efficace entre dessin, peinture et tapisserie sans oublier tous les protagonistes de la Vénerie royale, souvent immortalisés par le pinceau d’Oudry.
- 1. Vue de l’exposition « Jean-Baptiste Oudry, peintre de courre »
Photo : Aurélien Boyé - Voir l´image dans sa page
- 2. Vue de l’exposition « Jean-Baptiste Oudry, peintre de courre »
Photo : Aurélien Boyé - Voir l´image dans sa page
De louables efforts de contextualisation doublés d’une élégante scénographie (ill. 1 et 2) font découvrir aux néophytes pratiques et acteurs des chasses royales de Louis XV tandis que les amateurs se régalent des cartons restaurés et des jeux de regards, passant de l’étude à l’esquisse et jusqu’aux tissages grandioses enfin rassemblés ici. Décidément habiles à rapatrier de Toscane les trésors qui embellissaient naguère les résidences royales françaises (voir l’article), les équipes bellifontaines s’emploient à valoriser leurs joyaux restaurés tout en les juxtaposant habilement avec les grandes tapisseries venant de Compiègne comme de Florence. Les vastes proportions de la Salle de la Belle Cheminée ne permettant toutefois pas de déployer les cartons puis les tissages, l’exposition se voit scindée en deux, ce qui enrichit et affadit à la fois le propos. Variée et documentée, la première partie est émaillée de prêts qui éclairent et contextualisent la genèse de la Tenture des Chasses royales - citons l’inoubliable portrait du garde-chasse La Forêt venu de Compiègne ou l’immense composition de 1730 dont le Musée des Augustins de Toulouse, fermé pour rénovation, pouvait bien se désaisir quelques mois - tandis que la seconde partie, dans un appartement des Chasses en partie dénudé, présente les quatre cartons en attente de restauration !