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Interview de Xavier Bray, directeur de la Wallace Collection
- 1. Xavier Bray, directeur de la Wallace Collection
Photo : Wallace Collection - Voir l´image dans sa page
Xavier Bray (ill. 1) est le directeur de la Wallace Collection depuis 2016. Nous l’avons rencontré à Londres afin de discuter avec lui du bilan de ces sept ans passés à la tête d’un des plus prestigieux musées anglais - qui désormais peut prêter aux expositions comme nous l’avions écrit ici - et de ses projets.
De qui dépend la Wallace Collection aujourd’hui, et comment est-elle financée ?
En tant que musée national, la Wallace Collection est gérée par l’État, et comme la National Gallery ou le Victoria & Albert Museum par exemple, nous dépendons du gouvernement, plus précisément du département de la Culture, des Médias et du Sport. Nous recevons trois millions de livres par an, et le reste nous devons le trouver nous-mêmes. Or nous avons besoin, pour rester ouverts, d’au moins 7,6 millions de livres par an, ce qui signifie que nous devons trouver 4,6 millions chaque année. Ceci explique que nous dépendions beaucoup de tout ce qui est événementiel, et maintenant des expositions qui sont désormais payantes, car le reste du musée est gratuit. L’exposition actuelle sur les portraits de chiens (Portraits of Dogs : From Gainsborough to Hockney), par exemple, marche assez bien.
Sinon, pour survivre, on a le restaurant, et on a les mécènes. Ce n’est pas simple, on y arrive tout juste, et cela a été encore plus difficile pendant le Covid. Nous avons dû utiliser les réserves que nous avions constituées depuis vingt ans car la crise a provoqué un déficit assez important. Nous avons fait en 2021 deux expositions Rubens : Reuniting the Great Landscapes et Frans Hals : The Male Portrait qui ont été captées en digital et qu’il est possible de voir ici. Et heureusement l’exposition sur Disney (Inspiring Walt Disney : The Animation of French Decorative Arts), une collaboration avec le Met, nous a beaucoup aidés, et celle sur les chiens également.
Richard Wallace n’a pas laissé d’argent pour un fonds de dotation ?
Non. Wallace est mort en 1890. Le legs, c’est sa femme, Lady Wallace, Amélie - elle était française. C’est elle qui a fait le legs à la nation britannique en 1897, mais avec un certain nombre de conditions : construire un nouveau musée en plein centre de Londres, avoir l’escalier principal, dont la balustrade vient à l’origine de l’Hôtel de Nevers, l’ancienne Banque Royale, vraiment au milieu du musée, et s’assurer que la collection reste ensemble et ne soit pas mélangée avec d’autres œuvres. Elle n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas prêter.
C’est après que cette clause a été ajoutée ?
Non, c’est devenu une situation de fait. On ne pouvait pas prêter, mais cela n’était pas interdit… Elle dit dans le legs : « The collection must always be kept together unmixed with other objects of art ». « Kept together », ça avait été interprété comme si rien ne pouvait sortir. Pour pouvoir prêter, il n’y a donc pas eu besoin d’un jugement. Je…