- 1. Vue intérieure partielle du dépôt des
œuvres d’art de la Ville de Paris
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
La montée des eaux de la Seine nous donne l’occasion de parler d’un lieu inconnu du public, mais très important du point de vue patrimonial : la réserve où la Ville de Paris « conserve » une grande partie des œuvres provenant des édifices civils ou religieux de la Ville de Paris et n’ayant plus d’affectation. Il s’agit d’une immense halle (ill. 1) en proche banlieue parisienne [1] (d’ailleurs protégée au titre des monuments historiques car il s’agit d’une très belle architecture métallique), qui se trouve juste à côté de la Seine en pleine zone inondable.
Beaucoup de ces œuvres sont de grand format. On y trouve de grands tableaux, mais aussi beaucoup de sculptures monumentales, des plâtres originaux ayant servi de modèles pour des monuments parisiens.
Ces milliers d’œuvres sont pour la plupart dans un état précaire et de grande taille, ce qui rend leur transport non seulement compliqué mais risqué. Inutile de dire qu’une inondation dans un endroit pareil provoquerait une catastrophe patrimoniale majeure.
- 2. Vue intérieure partielle du dépôt des
œuvres d’art de la Ville de Paris
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
La Mairie de Paris vient de décider, devant la montée des eaux, de déclencher comme dans les musées parisiens le plan d’urgence élaboré il y a un an. Celui-ci consiste à mettre en lieu sûr les œuvres les plus précieuses ou les plus menacées. Tout cela avec trois conservateurs, un restaurateur, trois camions d’une société extérieure engagée pour l’occasion et leurs équipes. Inutile de dire que devant l’ampleur de la tâche, si l’eau devait effectivement envahir les lieux, on ne pourrait sauver avec de tels moyens qu’une petite partie des œuvres. Même en temps normal, les conservateurs ne peuvent pas bouger les sculptures trop grandes ou en trop mauvais état. On imagine ce qu’elles pourront faire dans l’urgence avec des œuvres aussi fragiles pour lesquelles tout déplacement doit être effectué avec la plus grande prudence.
Fort heureusement, là encore, il est peu probable (on croise les doigts) que la crue centennale à Paris soit pour cette semaine (voir notre éditorial). Au moins la montée des eaux aura-t-elle permis de prendre un peu plus conscience du problème. Car pour le dépôt, la véritable urgence est non seulement de transporter toutes ces collections dans une zone non inondable, il est aussi de donner enfin des moyens à la Coarc (le service chargé des œuvres d’art religieuses et civiles de la Ville de Paris) afin qu’elle puisse conserver ces collections dans des conditions dignes.
Que les artistes soient connus ou inconnus, toutes ces œuvres ou presque mériteraient d’être exposées au public. Nous montrerons ici quelques exemples de plâtres originaux, il y en a des milliers :
- 3. Auguste Seysses (1862-1946)
Combat d’un lion et d’un couple de centaures, 1901
Plâtre
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
- 4. Auguste Seysses (1862-1946)
Combat d’un lion et d’un couple de centaures, 1901, détail
Plâtre
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
– Combat d’un lion et d’un couple de centaures (ill. 3 et 4) du toulousain Auguste Seysses (plâtre).
- 5. Aimé Millet (1818-1891)
Tombe d’Alphonse Baudin, 1872
Plâtre
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
- 6. Aimé Millet (1818-1891)
Tombe d’Alphonse Baudin, 1872, détail
Plâtre
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
– Le plâtre original de la tombe d’Alphonse Baudin (ill. 5 et 6), chef-d’œuvre d’Aimé Millet qui se trouve au cimetière Montmartre.
- 7. Albert Bartholomé (1848-1928)
Victorien Sardou, 1924
Plâtre
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
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– Victorien Sardou par Albert Bartholomé (ill. 7). Le bronze faisait partie d’un monument qui se trouvait sur la place de la Madeleine et a été fondue pendant la guerre.
- 8. Pierre-Jean David d’Angers (1788-1856)
Ambroise Paré, 1839
Plâtre
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
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– Ambroise Paré par David d’Angers (ill. 8), dont un bronze se trouve à Laval.
Rien que ces quatre sculptures de grande taille nécessitent plusieurs personnes pendant plusieurs heures pour les transporter de manière sécurisée. Pour ne rien dire, par exemple, de ce beau Christ de Jaley (ill. 9), à peu près intransportable dans son état.
- 9. Jean-Louis Jaley (1802-1866)
Christ à la colonne
Plâtre
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
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- 10. Banc-d’œuvre de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
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On trouve de tout dans ce dépôt. Par exemple le banc d’œuvre de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais (ill. 10), dont il faudrait imposer le retour dans l’édifice au clergé affectataire qui n’a pas l’heur d’en vouloir... Ou encore, à l’extérieur, les têtes des statues de la place de la Concorde (ill. 11) remplacées par des copies lors des restaurations. On y voit enfin une belle allégorie du patrimoine sous Anne Hidalgo (ill. 12) !
- 11. Tête d’une des statues des villes de la
place de la Concorde
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
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- 12. Allégorie du patrimoine sous Anne Hidalgo
Dépôt des œuvres d’art de la Ville de Paris
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Cette collection, dont une grande partie devrait être déposée dans des musées, n’est pas abandonnée, grâce à la Coarc, service admirable qui fait avec les moyens du bord et qui arrive même à procéder, ponctuellement, à certaines restaurations, comme pour les modèles des bas-reliefs du monument de la place de la République, mais le manque de moyens et le désintérêt maintes fois prouvés de la Mairie de Paris pour le patrimoine aboutissent à une situation qui reste désastreuse. La crue de la Seine est loin d’être la seule menace qui pèse sur ces œuvres.