- Les équipes de l’INHA, de la BnF et
de l’École des Chartes travaillant à
trier les livres après le sinistre
(photo publiée sur le compte
Facebook de l’École des Chartes) - See the image in its page
18/5/17 – Sinistre – Paris, Bibliothèque de l’École des Chartes – La BnF, ce n’est plus une bibliothèque, c’est une piscine ! Aussi bien désormais à Richelieu qu’à Tolbiac. Si les inondations dans ce dernier bâtiment se sont en effet multipliées ces dernières années, il a fallu attendre la modernisation du quadrilatère Richelieu (dont un des objectifs était de «sécuriser» les collections en mettant les installations techniques aux normes) pour que le site connaisse à son tour hier une catastrophe patrimoniale d’envergure en raison du système de climatisation qui a cédé, déversant de l’eau sur les rayonnages. Environ 200 mètres de linéaire des collections d’imprimés [1] de la bibliothèque de l’École des Chartes ont été noyés et certains sont en très mauvais état.
Nous avons interrogé le cabinet d’architecte Bruno Gaudin pour en savoir plus et comprendre comment cela a pu arriver dans un bâtiment qui venait à peine d’être livré. Celui-ci, que nous avons joint mercredi vers 14 h 45, n’était pas encore informé de l’accident alors que les équipes sur place avaient travaillé depuis la nuit précédente à évacuer les livres. Il nous a ensuite indiqué avoir parlé avec la BnF et lui avoir donné tous les éléments techniques nécessaires, nous conseillant de contacter cette dernière, ce que nous avons bien évidemment fait.
Nous avons notamment posé la question de l’emplacement des unités de refroidissement : tant le cabinet Gaudin que la BnF nous ont assuré qu’ils n’étaient pas au-dessus des livres. La BnF nous a dit qu’à son avis, «s’agissant d’un bâtiment patrimonial contraint, il n’y a pas eu de choix erroné dans la localisation des installations». Elle s’interroge cependant sur une éventuelle malfaçon dans la conception ou l’installation des canalisations. Elle n’est pas la seule. Selon l’École des Chartes que nous avons joint également, la Rotonde, qui contient les livres rares et précieux, n’a pas été touchée, ce qui est au moins une bonne nouvelle.
Nous avons consulté un architecte en chef des monuments historiques pour l’interroger sur les installations de climatisation. Celui-ci nous a confirmé qu’il était possible à la fois de déporter les systèmes de refroidissement d’air contenant des fluides loin des zones de conservation, et que pour éviter les débordements en cas d’incident, un cuvelage devait être créé, avec des circuits d’évacuation. Le système à la BnF a-t-il été conçu selon ces principes et ont-ils fonctionné ? Nul doute que l’enquête le dira.
On se demande comment cet équipement mis en service il y a quelques semaines pour protéger les livres a pu être ainsi la cause de leur détérioration. Il ne s’agit cependant que d’un incident grave de plus causé par une installation de ce type. Il est plus qu’urgent que l’on se pose enfin sérieusement et publiquement la question que nous évoquions déjà dans cet article à propos des musées : la climatisation n’est-elle pas parfois une plus grande menace pour les œuvres (et les livres) que l’absence de climatisation ?
Un point positif tout de même, dans cette actualité : les alarmes et les procédures de sécurité ont bien fonctionné. Selon l’École des Chartes et la BnF, l’action tant des pompiers que des personnels de la BnF, de l’INHA et de l’École des Chartes a été remarquable (ill. 2), ce que des sources internes nous ont confirmé.
Un peu hors sujet (mais pas tant que cela finalement), cet article sur le quadrilatère Richelieu nous fait penser à ajouter un cinquième point qui pourrait constituer un autre chantier urgent pour la nouvelle ministre : elle pourrait décider de conserver l’escalier de Jean-Louis Pascal qui sera bientôt détruit et qu’aucun de ses prédécesseurs n’a voulu sauver (voir les articles).