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Ingres et ses élèves
Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, du 26 janvier au 28 avril 2017.
- 1. Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867)
Femme nue couchée et études de têtes et de bras
Graphite - 21 x 34,3 cm
Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts
Photo : ENSBA - Voir l´image dans sa page
Sarcastique, Baudelaire [1] souligne l’ « autorité fanatisante » qu’exerce Ingres sur ses élèves, tout en affirmant que le peintre est le seul membre de son école, il ne peut en être autrement puisque « sa méthode est le résultat de sa nature ». Ses suiveurs ne savent pas comprendre son art, ceux-là même qui « ont traduit en système, froidement […] la partie déplaisante et impopulaire de son génie ; car ce qui les distingue avant tout, c’est la pédanterie. Ce qu’ils ont vu et étudié dans le maître, c’est la curiosité et l’érudition. De là ces recherches de maigreur, de pâleur et toutes ces conventions ridicules, adoptées sans examen et sans bonne foi. » Voilà qui est dit.
Mais Baudelaire, critique d’art, n’a pas toujours raison, l’exposition que lui consacrait le Musée de la Vie romantique le suggérait (voir l’article), et si certains disciples d’Ingres se montrent appliqués, trop parfois, d’autres s’approprient sa leçon tout en gardant leur liberté ; la fidélité n’est pas forcément servile.
Conformément à la tradition de l’École des Beaux-Arts où il enseigna à partir de 1829, Ingres, pour former ses élèves, leur apprit le dessin. Il les fit travailler d’après des moulages antiques, copier des estampes d’après les maîtres et finalement étudier le modèle vivant. Car « le dessin est l’art tout entier. Les procédés matériels de la peinture sont très faciles et peuvent être appris en huit jours ; par l’étude du dessin, par les lignes, on apprend la proportion, le caractère, la connaissance de toutes les natures humaines, de tous les âges, leurs types, leurs formes, et le modelé qui achève la beauté de l’œuvre [2] ».