Henri Regnault (1843-1871). Le sabre et le pinceau

Que serait devenu Henri Regnault s’il avait vécu ? Question un peu vaine, à laquelle il est impossible de répondre. Tué au combat lors de la guerre franco-prussienne le 19 janvier 1871, comme Frédéric Bazille deux mois plus tôt, Regnault est un artiste complexe, comme le démontre avec brio l’exposition du Musée des Avelines, où l’on ne regrette que l’absence des grands formats, sans doute trop difficiles et trop coûteux à déplacer. Cela donne une impression un peu tronquée du peintre, que les grandes reproductions ne pallient pas.

Bazille s’inscrit clairement dans la lignée de Claude Monet, et aurait certainement poursuivi sa carrière dans la veine impressionniste. Regnault, en revanche, s’avère varié dans son style et dans ses sujets, n’hésitant pas à peindre de grandes peintures d’histoire, genre auquel il se destinait sans doute majoritairement, ayant, après plusieurs tentatives malheureuses, fini par obtenir le prix de Rome en 1865.
Ses grands chefs-d’œuvre, qui possèdent chacun un souffle épique remarquable, sont donc absents de l’exposition. Il s’agit du Général Prim et de l’Exécution sans jugement sous les rois Maures du Musée d’Orsay, ainsi que d’Automédon ramenant les coursiers d’Achille des bords du Scamandre de Boston. Ce dernier, tout empreint de la marque du meilleur Delacroix, constitue un exemple intéressant du romantisme tardif. Avec le général Prim, Regnault reprend la tradition du portrait équestre, mais avec un cheval campé qui en fait toute l’originalité. Quant au roi Maure, il témoigne de l’orientalisme qui fut une des caractéristiques de la carrière si brève du peintre.

1. Henri Regnault (1843-1871)
Sentinelles marocaines, 1870
Huile sur toile marouflée sur panneau - 32 x 41 cm
Reims, Musée des Beaux-Arts
Photo : Didier Rykner

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Celui-ci parcourut en effet l’Espagne, toute imprégnée encore à l’époque de son passé arabe, et destination fréquente des peintres, ainsi que le Maroc.
L’orientalisme a…