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Henri Martin - Henri Le Sidaner, deux talents fraternels
Évian, Palais Lumière, du 8 juin 2024 au 5 janvier 2025
Singer Laren Museum, du 22 janvier au 11 mai 2025
Gray, Musée Baron Martin, du 14 juin au 25 octobre 2025
The English version will be on line soon.
Avec une constance admirable, le Palais Lumière d’Évian s’emploie à (re)valoriser et surtout à exposer des artistes jugés démodés, de Jacques-Emile Blanche à l’été 2015 (voir l’article) à Albert Besnard l’année suivante (voir l’article) puis, plus récemment, aux « derniers impressionnistes » (voir l’article) où trônaient déjà les deux Henri. On peut cependant se demander si la recette fonctionne encore, tant le rapprochement de ces « talents fraternels » certes amis et contemporains paraît quelque peu forcé à travers le parcours, une impression que confirme la lecture de l’ouvrage complétant l’exposition - difficile de le qualifier de catalogue, nous y reviendrons - où les artistes sont essentiellement étudiés séparément. Les traits communs entre l’artiste du Midi et celui des « Hauts de France » ne sont finalement guère saillants, comme l’avoue le livre de Yann Farinaux-Le Sidaner et Marie-Anne Destrebecq-Martin où l’on apprend notamment que « Le Sidaner abandonna très tôt la composition monumentale alors que Martin était devenu le premier décorateur de son temps ». Les textes soulignent paradoxalement les différences de goût et de méthode des deux Henri, en dépit des sections supposées les réunir, l’un travaillant ses toiles de chevalet sur le motif alors que l’autre recomposait en fait ses « brumes illuminées » - ce si joli mot sur Henri Le Sidaner est dû à Guillaume Apollinaire, à contre-emploi - au sein de son atelier [1].
- 1. Vue de l’exposition « Henri Martin - Henri Le Sidaner, deux talents fraternels »
Photo : La Nouvelle Image - Voir l´image dans sa page
- 2. Vue de l’exposition « Henri Martin - Henri Le Sidaner, deux talents fraternels »
Photo : La Nouvelle Image - Voir l´image dans sa page
Il faut dire que la scénographie - confiée à Frédéric Beauclair, pourtant habitué aux espaces ingrats du Palais Lumière - ne valorise pas vraiment les œuvres exposées ni le propos, certes aussi brumeux que les meilleurs tableaux d’Henri Le Sidaner. On a ainsi disposé certains petits et moyens formats dans les vastes salles de l’étage (ill. 1) où ils semblent flotter sur les murs tandis que les tables dressées qui font - hélas - la réputation d’Henri Le Sidaner sont accrochées dans un vilain corridor (!) au sous-sol, au mépris du bon sens comme de la sécurité de ces œuvres qui ont ensuite été protégées par des cordons qu’on espère dissuasifs. De leur côté, les esquisses pour les grands décors d’Henri Martin sont rassemblées dans l’une des meilleures salles de l’exposition (ill. 2) mais sans que des vignettes voire des écrans - dont on regrette pour une fois l’absence - ne les contextualise en montrant les œuvres définitives. On en ressort avec une persistante impression de déjà-vu et de travail bâclé malgré de beaux moments devant ces peintures, sages et nostalgiques, et parfois charmantes.