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Heemskerck et l’Humanisme. Une œuvre à penser
Rennes, Musée des Beaux-Arts, du 6 octobre 2010 au 4 janvier 2011
- 1. Martin van Heemskerck (1498-1574)
Saint Luc peignant la Vierge, vers 1553
Après restauration
Huile sur panneau - 205,5 x 143,5 cm
Rennes, Musée de Beaux-Arts
Photo : Musée des Beaux-Arts de Rennes - Voir l´image dans sa page
Quoique n’occupant que deux salles, l’exposition Heemskerck et l’humanisme, conçue par Ilja Veldman, spécialiste de Martin van Heemskerck [1] et la conservatrice Olivia Savatier mérite qu’on s’y arrête longuement.
Le chef d’œuvre de l’artiste, Saint-Luc peignant la Vierge (ill. 1), récemment restauré par le Centre de recherche et de restauration des musées de France [2], trône au centre de l’exposition et la justifie. Ce tableau, peut-être destiné à l’église de Saint-Luc à Delft (ou à la guilde de Saint-Luc à Haarlem ?), représente cette scène traditionnelle dans un espace en profondeur, formé de deux pièces qui se succèdent. Au premier plan, le cabinet de Saint Luc est tout autant celui d’un médecin et savant grec, représenté comme un humaniste avec ses ouvrages scientifiques, ses flacons, sa sphère armillaire ; cabinet aussi du peintre évangéliste accompagné du bœuf et d’un livre non encore écrit à ses pieds. Au second plan, l’espace s’ouvre sur une cour baignée de lumière, reprise de la cour du palazzo Sassi à Rome, où Heemskerck séjourna de 1532 à 1536. On y retrouve des statues romaines, la Vénus Genetrix, l’Apollon Farnèse, ainsi qu’au sol le relief de la Bocca della Verità. Dans cette cour, sculpteur, peintre et imprimeur travaillent.
Il est intéressant de comparer, ce que propose le catalogue, le tableau de même sujet peint par l’artiste une vingtaine d’années plus tôt (ill. 2) et aujourd’hui conservé au Frans Hals Museum de Haarlem (hélas absent de l’exposition), d’une composition bien différente mais où l’allégorie et le symbole – parfois obscurs même pour les plus fins exégètes – sont tout autant présents.