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Guillon Lethière. Né à la Guadeloupe
Paris, Musée du Louvre, du 13 novembre 2024 au 17 février 2025.
Présenté auparavant à Williamstown, au Clark Art Institute, du 15 juin au 14 octobre 2024.
Né à la Guadeloupe (c’est dans le titre de l’exposition) en 1760, Guillaume Lethière était le fils naturel de Pierre Guillon, un propriétaire de plantation, et d’une mère métis, née esclave mais affranchie. On ne sait si le peintre lui-même naquit esclave, mais il ne l’était plus lorsque son père, après sans doute une première formation locale, partit avec lui pour Rouen où il fut élève de l’École de dessin. Ayant gagné plusieurs prix, il se rendit ensuite à Paris où il entra dans l’atelier de Gabriel-François Doyen, point de départ d’une carrière fructueuse. S’il ne parvint pas à emporter le prix de Rome, il dut à son mérite d’être envoyé tout de même comme pensionnaire à l’Académie de France à Rome qu’il put rejoindre en 1786, voyageant en compagnie de trois architectes, Charles Percier - qui resta, avec Fontaine, l’un de ses amis proches - Louis Pierre Baltard et Claude Louis Bernier.
- 1. Guillaume Guillon-Lethière (1760-1832)
La Cananéenne aux
pieds de Jésus-Christ, 1784
Huile sur toile - 146,5 x 114 m
Angers, Musée des Beaux-Arts
Photo : Wikimedia (domaine public) - Voir l´image dans sa page
Il est dommage que l’exposition du Louvre ait été organisée dans les anciennes salles d’histoire du Louvre, un peu trop basses de plafond. Il est vrai que les salles d’exposition habituelles sont occupées par Figures du Fou [1] (voir l’article). Il est surtout regrettable que l’accrochage ne suive pas le plan chronologique du catalogue. On ne comprend pas vraiment, à vrai dire, comment l’exposition est organisée, thématique d’une certaine manière mais sans aucun fil temporel qui permettrait de comprendre l’évolution du peintre. Si celui-ci, il est vrai, demeura fidèle à l’esthétique néoclassique, ce qui, à la fin de sa vie, fut mal compris du public et lui valut quelques critiques, il ne fut cependant pas l’homme d’un seul style, ni d’un seul genre, se montrant à l’aise tant dans la peinture mythologique que dans l’allégorie, dans le portrait ou dans le paysage.
Ce constat doit néanmoins être nuancé : Guillon Lethière [2] s’avère un peu inégal. Si certains tableaux sont d’authentiques chefs-d’œuvre - nous y reviendrons, quelques autres, comme le Portrait d’Élisa Baciocchi, sœur de Napoléon, sont franchement médiocres, et on comprend que l’Empereur l’ait refusé. Parmi les allégories, celle des Préliminaires de paix signés à Leoben, 17 avril 1797, qui donna lieu au tissage d’une tapisserie, est un peu raide. Une esquisse pour cette composition est exposée mais le grand tableau - pourtant inclus dans le catalogue et conservé à Versailles - ne l’est pas. Si un tableau appartenant à l’Ermitage, également dans le catalogue, n’est pas non plus présenté pour les raisons que l’on connaît, il est ainsi dommage que plusieurs œuvres (dont des tableaux du Louvre même que l’on doit aller voir dans les salles permanentes) ne soient pas présentés. Guillon Lethière fut également un peintre religieux, et si La Cananéenne aux pieds de Jésus-Christ du…